On ne vous présente plus K Double A, qui n’a pas à rougir du succès de son dernier opus Okou Gnakouri et de ses hits tels que le déjà célèbre Tchoin qui cumule un peu plus de 60 M de vues sur YouTube. Ici, ce n’est pas la « success story » du Sevranais que nous allons aborder mais son évolution musicale.
Rien ne change à part Freezer
➡️ Un personnage surpuissant qui pourrait égaler (dépasser ?) son mentor
Kaaris est sans doute un grand fan de l’univers de Dragon Ball, ou du moins, il y fait beaucoup référence (à l’instar de beaucoup de ses homologues dans le rap français). Ironiquement, le parcours d’un des rappeurs les plus en vogue de ces dernières années est similaire à celui d’un des personnages principal de l’œuvre. En effet, Gohan est le fils de Goku le héros de l’œuvre, et il possède depuis son plus jeune âge une force surhumaine : dès ses premières apparitions, beaucoup spéculent sur l’éventualité qu’il deviendrait celui qui égalerait, voire dépasserait Goku (le héros du manga). Cela ne vous rappelle rien ? Kaaris est remarqué lors de ses premières apparitions aux côtés de Booba, son couplet dans Kalash est à l’heure d’aujourd’hui une référence dans le genre. Il prouve, de part ses collaborations avec ce dernier, qu’il est surpuissant et qu’il pourrait par la suite l’égaler, ou qui sait… Le dépasser ?
➡️ Un succès commercial et d’estime le conduit sur le devant de la scène
Dans Dragon Ball, le personnage est de plus en plus exploité jusqu’à parvenir à voler la vedette à son père dans le second arc narratif de Dragon Ball Z. En effet, San Gohan atteindra son pic de puissance, où il se chargera de battre l’ennemi ultime de l’arc : aucun autre personnage n’est meilleur que lui à ce moment-là. K2A quant à lui, sort son premier album Or Noir en octobre 2013, oeuvre qui est aujourd’hui considérée pour beaucoup comme l’ambassadeur de la trap en France, et qui seulement 4 ans après sa sortie, est érigée par une grande partie du public comme une référence en termes de rap contemporain et comme futur classique du rap français. Rien que ça. Le site d’annotation Rap Genius lui décernera même le titre de MVP de l’année 2013. Le succès commercial est au rendez-vous, car l’album réalisera près de 20 000 ventes dès la première semaine, et sera certifié platine en fin d’exploitation.
Alors comme ça t’as bon coeur PD?
Vivement que tu meures pour que je me le fasse greffer
➡️ Un changement drastique de carrière après une confrontation à son mentor
Cependant, des conflits entre lui et son ancien associé Booba mènent à des changements drastiques dans sa carrière. Tout d’abord, la direction artistique sur son deuxième album est assez différente de celle d’Or Noir (à l’image du son Voyageur qui devait être sur Or Noir ). A la place de simplement empiler les bangers sur des prods purement trap de Therapy boostés par ses qualités d’écriture et son attitude kaarismatique, le OG préfère réduire le nombre de bangers pour laisser place à des morceaux plus planant qui restent toutefois à l’image de l’artiste, car son côté hardcore reprend le dessus. Le bruit de mon âme, son second album studio, joue entre ses frasques de rap brut et hardcore, et un aspect plus doux, plus chanté, plus envolé, qui conduit à un petit changement d’image de l’artiste auprès du public. Parallèle parfait avec le dernier arc de DBZ où Gohan est devenu un combattant très puissant qui prend cependant un rôle moins important et n’a plus besoin d’être « le plus fort » (même si il est capable, lorsque cela est nécessaire, de mettre les points sur les i).
➡️ En perte de vitesse, le rappeur devenu père doit faire des choix de carrière
Malgré la qualité de son 2ème, opus Kaaris vit une période compliquée de sa carrière, les fans semblent l’avoir boudé (les ventes en première semaine de LBDMA sont un poil moins bonnes que celles d’Or Noir, et le disque d’or peine à arriver). Les compteurs de vues sur YouTube semblent avoir pris un coup de mou (malgré un très bon feat avec Future et des morceaux autotunés très réussis et plutôt accessibles). K2A s’illustrera dans une mixtape, s’enfonçant dans le hardcore une dernière fois avant de connaître sa dernière évolution. Il y a une particularité qui caractérise spécialement Gohan et Kaaris : en 2017, ils sont tous 2 père d’une petite fille. Cela n’est pas si anodin que cela puisse paraître. Aujourd’hui, Gohan a abandonné le combat pour le travail et pour s’occuper de sa famille : le personnage surpuissant a disparu. Le monde n’a plus besoin que Gohan soit le meilleur pour le sauver. De son côté, Kaaris a dû faire des choix intelligents pour relancer sa carrière sur une bonne dynamique.
➡️ Deux monstres de puissances ont fini par raccrocher les gants de combat
L’ombre de Booba planait sur le rappeur et a eu des répercussions sur une partie de la « fanbase » originelle de Kaaris, qui suivait le sevrannais en grande partie par ce qu’il était proche du Duc. Ainsi, sa séparation avec ce dernier et les multiples clashs entre les deux artistes les ont grandement poussé à ce que Kaaris suive encore une direction artistique assez différente. Son dernier opus Okou Gnakouri prend un virage qui rendrait l’interprète d’Or Noir presque méconnaissable. Kaaris devient un personnage souriant et humain plus simple et loin de celui du prédateur assoiffé de sang qu’il décrivait dans ses anciens opus. En effet, OG est plus léger qu’auparavant. Toutefois, cela fait perdre au rappeur en subtilité ; ses textes sont simplifiés, les ambiances de ses sons basculent plus vers le dansant que le sombre, proposant un rap plus radiophonique. Au niveau marketing, la formule est gagnante. Le single Blow squatte les tops clubs pendant plusieurs semaines et Tchoin s’impose comme le plus gros hit de sa carrière. Les jeunes pères que sont ces deux monstres de puissance, ont raccroché les gants pour abandonner le combat.
➡️ La fin de la période hardcore ? Vraiment?
Son Gohan est un personnage qui s’est toujours battu malgré, lui n’aimant pas spécialement les confrontations, il le faisait par devoir ; maintenant que sa présence n’est plus essentielle, il a préféré se tourner vers des activités plus « humaines ». Il en va sûrement de même pour Kaaris. Une partie du public l’attendait comme l’emblème du rap hardcore français, et il a endossé ce rôle pendant un court moment, mais peut-être le rappeur préférait simplement faire des hits et une musique plus douce. Cependant, l’un comme l’autre n’est pas à l’abri de nous délivrer une performance digne de leurs plus grandes heures une fois de temps en temps…