Depuis quelques mois déjà, le portail Genius (anciennement Rap Genius) a rendu publiques ses doléances à l’encontre du moteur de recherche Google et de son prestataire LyricFind, chargé de répertorier les paroles de milliers de chansons. En juin déjà, le Wall Street Journal avait publié une lettre adressée au géant californien, l’accusant de récupérer depuis plusieurs années des textes sur les pages du domaine Genius en violation du droit américain de la concurrence. Pour appuyer son accusation, l’entreprise qui a célébré sa première décennie d’existence en octobre dernier a employé une astuce simple mais efficace : alterner les apostrophes droites et incurvées dans les paroles reproduites sur son site internet. Surprise, des apostrophes droites et incurvées n’ont pas tardé à apparaitre dans les résultats de recherche Google. En réponse, Google a affirmé avoir demandé à LyricFind, son prestataire depuis 2016, de s’assurer d’intégrer à leur approche les bonnes pratiques du secteur. Une réponse qui ne semble manifestement pas suffire à Genius, qui a déposé le 3 décembre dernier une plainte contre Google et LyricFind, exigeant 50 millions de dommages-intérêts au géant californien et une interdiction adressée à son prestataire d’utiliser ses contenus sans autorisation. L’intégration des paroles de chansons aux résultats de recherches Google aurait donné lieu à un véritable manque à gagner que Genius estime à plusieurs dizaines de millions de dollars.
➡️ Genius contre Google, un affrontement qui fera date…
Depuis sa création en octobre 2009 par trois anciens étudiants de l’université de Yale, Genius s’est progressivement imposé comme le portail de référence dans le référencement et l’annotation de paroles de chansons, en se cantonnant au rap dans un premier temps puis en intégrant d’autres genres musicaux ou littéraires et même des textes de lois. Ces milliers d’annotations constituent une source de donnée particulièrement riche, d’autant que bon nombre d’entre elles sont directement réalisées par des artistes ou validées par eux. Fort de cette position dominante, Genius s’est associé à la plateforme de streaming Spotify en 2016 au travers du concept Behind The Lyrics. Seul nuage à l’horizon, le portail n’est pas propriétaire des droits sur les textes qu’il diffuse et s’est vu contraint de conclure des accord de licence avec les principaux éditeurs du marché. Dans la mesure où Google dispose de licences équivalentes fournies par son prestataire LyricFind, la plainte déposée à Brooklyn mardi dernier ne pouvait pas se situer sur le terrain du droit d’auteur. Interrogé par le magazine The Verge, le directeur légal du groupe de protection des consommateurs Public Knowledge, John Bergmayer, affirme que Google pourrait être inquiété sur le terrain de la concurrence même si le fait de copier des paroles en lui-même n’était pas constitutif d’une infraction…