Du fait de leur place centrale dans l’industrie musicale, de leur statut de plus important marché de la musique enregistrée du haut de leurs 330 millions d’habitants, et surtout du rayonnement international de leur scène urbaine qu’ils doivent à leur statut de berceau de la culture hip-hop, les Etats-Unis exercent un véritable pouvoir de fascination sur le rap français. Malgré leur faible portée commerciale récurrente, les collaborations avec des rappeurs américains n’ont rien perdu de leur lustre de La saga d’IAM à Milliers d’euros de Dosseh, pour preuve les récentes photographies qui montrent Lacrim en train de tourner des clips en compagnie de Snoop Dogg et de Rick Ross… De la même manière, l’annonce d’une tournée américaine d’MHD, un évènement pourtant loin d’être inédit, et plus encore de son invitation au festival de Coachella 2018 après l’annulation du passage de PNL l’année précédente ont donné lieu à des relais médiatiques enthousiastes. L’exil volontaire de Booba à Miami est d’ailleurs l’illustration la plus parlante s’il en est de cette fascination. Pourtant, en dehors de rares épisodes comme la fameuse rixe à Orly et le featuring de Maître Gims, French Montana et Lil Wayne, les médias urbains s’abstiennent généralement de relayer l’actualité musicale de l’hexagone. Bien que l’émergence progressive d’une scène rap européenne commence à se faire ressentir, avec notamment pour la première fois la mise en ligne par WorldStarHipHop du clip d’un rappeur du Vieux Continent en début d’année (Was Hast Du Gedacht de Gzuz, qui cumule aujourd’hui plus de 25 millions de vues), les rêves américains des rappeurs français semblent résolument voués à l’échec. L’émergence du streaming et sa capacité à abattre les frontières ne semblent pas avoir accru outre mesure l’intérêt des auditeurs outre-Atlantique pour la scène hexagonale. En annonçant son départ pour les Etats-Unis, il semblerait pourtant que Rilès ait certaines clés en main pour changer la donne. La première et la plus évidente est sa capacité à surmonter la barrière de la langue, puisqu’il a d’emblée adopté l’anglais non-seulement pour l’écriture de ses textes, mais aussi pour sa communication sur les réseaux sociaux. La seconde réside dans sa démarche, Rilès se conçoit d’emblée comme un artiste international basé en France et dès lors annonce être prêt à s’installer aux Etats-Unis pour y relancer sa carrière musicale avec tous les inconvénients que cela implique, à l’inverse d’artistes souvent trop frileux pour quitter le confort de la scène française. La troisième est la conclusion en mars d’un contrat de joint-venture entre son label RILESUNDAYZ et Republic Records (Universal Music Group) pour 5 ans, un mouvement avantageux qui laisse au rappeur originaire de Rouen les mains libres sur le plan artistique et la totalité des droits sur son catalogue, et confie au label réputé pour son catalogue urbain (Drake, Nicki Minaj, Post Malone, The Weeknd) le soin de gérer la promotion de ses albums aux Etats-Unis. Rien n’est joué évidemment, et le destin des artistes a tendance à être capricieux et imprévisible, mais il semblerait que Rilès soit bel et bien le rappeur français le mieux armé pour démarrer une carrière outre-Atlantique…
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— Rilès⏳ (@0Riles) August 7, 2018
Je peux respecter sa détermination à atteindre des sommets, mais ce type pue la fatuité pour une musique qualitativement trop générique. Puis même s’il perce aux Etats-Unis, je me vois pas en être content ou fier, même si j’étais fan de sa musique, pour la simple et bonne raison qu’il fait délibérément le choix de rapper en anglais. Il ne sera jamais « le premier rappeur français à percer aux Etats-Unis ». Il sera le rappeur qui n’a une place nulle-part. A trop regarder vers le haut on finit par marcher dans la merde.