Le MaMA Festival & Convention (pour Marché des Musiques Actuelles) est avec le Midem l’un des rendez-vous incontournables des professionnels français de la musique. C’est également un évènement qui mobilise chaque année les salles de concert du nord de la capitale autour d’une programmation éclectique ouverte à une gamme étendue de genres et d’artistes. Cette année, pas moins de 175 artistes ont ainsi été programmés dans 16 salles et emplacements atypiques des quartiers de Montmartre et Pigalle, dont La Cigale, La Boule Noire, Les Folie’s Pigalle, Les Trois Baudets, Le Bus Palladium, Le Backstage By The Mill, Le Carmen et La Machine du Moulin Rouge. En journée, ce sont 6.398 professionnels qui ont assisté aux conférences et ateliers présentés en continu à l’Elysée Montmartre, au Trianon (où se tient également le MaMA Invent, espace consacré à l’innovation organisé en collaboration avec l’IRMA), à la chapelle du Lycée J. Decour et au FGO-Barbara par 442 intervenants. À noter les succès enregistrés sur les deux axes de développement du MaMA Festival & Convention 2019, la parité dans l’industrie musicale et une coloration internationale de plus en plus prononcée : 40% des intervenants étaient des femmes, et 32% des professionnels des internationaux.
➡️ Les 5 conférences incontournables du MaMA Festival & Convention 2019
Le secteur de la musique n’a pas été épargné par le gain de popularité exponentiel enregistré par le format podcast depuis quelques années, y compris sur les sujets relatifs à l’industrie et à ses enjeux. La force de ce panel modéré par Mathias Milliard, responsable de la production et de la circulation des contenus à l’IRMA, a été de regrouper une grande partie de ces nouveaux acteurs pour parler de leur projet initial, des difficultés enregistrées pour se lancer sur ce créneau très spécifique ou encore de l’accueil du public. On retrouve notamment Mehdi Maïzi pour parler des Infiltrés, volet hors-série de son podcast No Fun produit par Binge Audio, mais aussi Pierre Niboyet d’Explizik (Match Play), Stéphanie Giraux de Bonus Track, Jean-Philippe Louis de Business of Music (Les Échos) et Emily Gonneau de La Nouvelle Onde.
Un véritable évènement cette fois avec la conférence offerts par le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) français et la Bundesverband Musikindustrie (BVMI) allemande. On y retrouve bien sûr Alexandre Lasch, directeur général du SNEP, et Florian Drücke, président de la BVMI, pour offrir une lecture comparative des développements de la consommation de musique enregistrée dans leurs pays respectifs et de son impact sur les revenus. À leurs côtés, la vice-présidence exécutive du répertoire de BMG pour l’Europe continentale Dominique Casimir et le président d’Universal Music France Olivier Nusse. Des invités de poids pour faire le point sur l’actualité brûlante de la filière : la transposition de la directive droit d’auteur, le Centre National de la Musique, la diversification du catalogue des majors et bien entendu l’avenir du modèle de rémunération user-centric promu par Deezer.
L’ambition de ce panel est d’offrir un véritable panorama de la filière musicale en réunissant des professionnels à tous les niveaux pour un débat modéré par Emmanuel Legrand, correspondant à Washington du magazine Music Week. On y retrouve notamment Annabella Coldrick, directrice générale du Music Managers Forum (Royaume-Uni) et fondatrice de l’European Music Managers Alliance, Bruno Lion, président du Conseil d’Administration de la SACEM, Fruzsina Szép, directrice du Lollapalooza Berlin, Graham Henderson, président et chef de la direction de Music Canada, Pascal Nègre, fondateur de l’agence #NP et du label 6&7 et Teri Nelson Carpenter, présidente directrice générale du service de gestion de droits Reel Muzik Werks. À souligner notamment la discussion animée entre Pascal Nègre et Bruno Lion sur la mise en place du modèle de rémunération user-centric proposé par Deezer et plus à même selon l’ex-président d’Universal Music France de favoriser les artistes de moyenne envergure.
Un autre panel de poids, cette fois dédié aux musiques urbaines et à leur rapport au streaming, modéré par Ouafa Mamèche, fondatrice des éditions Face Cachée et chroniqueuse pour l’ABCDR du Son, Yard et le Courrier de l’Atlas. On y retrouve Anne Cibron, directrice de l’agence de management Louve (Orelsan, Booba) et des labels 92i et 7Corp (Capitol), mais aussi Oumar Samaké, directeur des labels SPKTAQLR et Golden Eye Music (Capitol) et manager de Lacrim, Dosseh et Dinos, ainsi que Séverin Mérard, responsable éditorial Europe, Middle-East and Africa de Napster. À souligner le débat soulevé par Ouafa Mamèche et Anne Cibron sur le modèle des contrats de maisons de disques, encore construits autour du rôle central de l’album dans un contexte où le single s’affirme de plus en plus comme une source de revenus à part entière avec une perte d’importance des autres formats pour certaines catégories d’artistes.
Une deuxième conférence consacrée aux musiques urbaines, cette fois avec une thématique plus généraliste qui a permis aux intervenants d’aborder une série de sujets variés avec pour modérateur le journaliste Olivier Pellerin. On retrouve autour de la table Anne-Valérie Atlan, fondatrice de Black Gold Corp. (ex-Mazava) et du studio d’enregistrement et de répétition Black Gold Group et productrice des tournées « L’Âge d’or du rap français » et « Secteur Ä », Henri Jamet, directeur des labels AllPoints, Naïve et Animal 63 (Believe Music France), Hichem Bonnefoi (Tefa), fondateur de Suther Kane Films, et Jamel Jouhri, manager de Sefyu, Nassim et des Frères Scotch. Là encore, la SACEM est prise à partie par Tefa au moment des questions de l’audience, notamment sur la question de la représentation des artistes urbains au sein du Conseil d’Administration, mais aussi sur celles des spécificités du registre en termes de droits d’auteurs.
Focus sur les Prix La Nouvelle Onde, décernés par l’association éponyme créée l’année dernière par Emily Gonneau pour mettre en valeur les nouveaux talents du business de la musique. Les candidats triés selon cinq types de profils (Je choisis tout, J’innove, J’explore, Je gère et Artistes-Entrepreneurs) ont été rapprochés de mentors (Amélie Arcamone, Clothilde Chalot, Christophe Mauberque, Alexandra Bobes et Jean-Noël Scherrer) et sélectionnés par un jury composé de Suzanne Combo, Etienne Bouzy, Karim Ech-Choayby, benoît Rébus, Jean-Philippe Louis, Emily Gonneau, Marie-José Sallaber, Gilles Castagnac, Rozenn Le Ridou et Yaël Chiara. A saluer de nouveau, l’ouverture du prix aux professionnels de l’urbain avec la nomination de Théodore Desprez aka Lord Esperanza (artiste Sony Music France et fondateur du label de Sally et Dellati, Paramour) et de Matthieu Charrier (régisseur principal, répétition et accompagnement à la salle Hip Hop Bizarre! à Vénissieux).
🏆 Bienvenue aux 5 lauréat.e.s et lauréats et bravo !
Merci aux 5 mentors qui vont les accompagner cette année et au jury d’avoir pris à cœur son rôle. #PrixLNO2019 #MaMA19 pic.twitter.com/JbuWSSG2vP
— La Nouvelle Onde (@lanouvelleonde) October 18, 2019
➡️ Les 5 concerts incontournables du MaMA Festival & Convention 2019
Rendez-vous mercredi 16 octobre pour la première soirée incontournable du MaMA Festival & Convention 2019 organisée par les iNOUïS du Printemps de Bourges Crédit Mutuel. On y retrouve aux côtés de la chanteuse Silly Boy Blue et de l’artiste électronique lyonnaise Calling Marian le rappeur DI#SE signé sur le label URBAN [PiAS], ainsi que leur parrain Lord Esperanza. Rappeur et chanteur originaire de Yaoundé (Cameroun), DI#SE s’est installé dès son plus jeune âge à Quimper, où il a été bercé par certains grands noms du rap français. Autodidacte talentueux et bourré d’énergie, DI#SE développe sur scène une communauté d’esprit avec son public qui rend unique chaque instant de sa performance. Une appétence pour la scène qui n’a rien de surprenant pour celui qui a fait de ce format un véritable tremplin pour sa carrière qui l’a conduit jusqu’au festival Les Indisciplinés en première partie de L’Or du Commun ou aux Trans Musicales de Rennes…
En juin dernier, la plateforme de streaming Napster (Rhapsody International) célébrait son vingtième anniversaire… Une date symbolique pour un nom qui a suivi de près les développements de la consommation de musique au format numérique. L’occasion de mettre en avant ce riche héritage combiné à la vaste expérience et à la plate-forme technologique de Rhapsody International Inc., le premier fournisseur de services de diffusion en continu par abonnement du secteur, au cours de conférences et d’une soirée inédite au Cuba Café avec au programme la chanteuse Jaïa Rose, le duo électro Bleu Toucan, le groupe de rock FOALS et l’étoile montante du label Panenka Music, Tsew The Kid. Ce dernier nous confiait récemment au cours d’une interview exclusive : « Je vais aussi essayer de m’améliorer niveau scénographie. C’est quelque chose qui se travaille, c’est pas facile. Un mec comme Roméo Elvis, je le trouve trop chaud sur scène par exemple. »
Autre évènement incontournable de la soirée du 17 octobre, le line-up réuni par Olympia Productions au Backstage By The Mill. Créée en 2016, cette société de production est l’un des rares partenaires du MaMA Festival & Convention à avoir développé une réelle expertise sur l’urbain en travaillant auprès d’artistes confirmés tels qu’Alpha Wann, Dadju et Youssoupha. Un nom qui retient l’attention pour une série d’artistes talentueux sélectionnés sur le volet réunissant Mauvais Oeil, Aziz Sahmaoui & University of Gnawa, Enchantée Julia, Nelick et Ramó. On retient en particulier la prestation de Nelick, lui aussi proche de Lord Esperanza avec qui il forme le groupe PALA$$. Désormais lancé en solo et accompagné par l’équipe de Timtimol Agency, le rappeur originaire de Champigny-sur-Marne se forge une réputation à grand renfort d’EPs introspectifs depuis une paire d’années… Il livre d’ailleurs une prestation pleine de promesses, à l’image de sa carrière…
C’est de nouveau au Backstage By The Mill qu’on a pu retrouver la talentueuse Lala &ce pour une prestation de haute voltige. La zappeuse lyonnaise, ex-membre du collectif 667, s’est installée depuis quelques années à Londres d’abord pour ses études, puis pour accompagner son développement personnel et artistique. Son univers particulier, l’énergie qui a poussé de nombreux auditeurs à la considérer comme l’une des grosses révélations rap de l’année, Lala le déploie sans peine sur scène et parvient à électriser le public. Son rap casse les codes et elle en a conscience, elle n’hésite pas à aborder des sujets relatifs à la place de la femme dans la société et dans la musique tout en cultivant une imagerie détachée et intimiste. Ses clips cumulent déjà des dizaines de milliers de vues sur YouTube, près de 400.000 pour son single phare WET, au fur et à mesure que Lala &ce s’impose comme une artiste féminine de plus avec laquelle il faudra compter à l’avenir…
https://www.instagram.com/p/B3zlq0IC5_E/?igshid=1vqt3kd07yl58
Rendez-vous pour finir cette sélection à La Machine du Moulin Rouge – Chaufferie pour un showcase organisé par la société de production W Spectacle qui s’est fixé le pari de réunir trois artistes en pleine ascension : le chanteur Julien Granel, mais aussi le duo électro-rap Sein et Hyacinthe. On y découvre des artistes qui naviguent librement entre l’urbain et d’autres registres, embarquant au passage un public enthousiaste. Hyacinthe, qui avait dévoilé en avril dernier son nouveau projet Rave chez Chapter Two Records (Wagram). Une addition bienvenue à sa carrière dans lequel le rappeur tente de nouveaux mélanges et se lance dans un océan d’incertitudes avec un bonheur évident. Une joie qu’il parvient à retransmettre au public alors qu’il effectue une performance remarquable sur scène… De quoi clore en beauté cette dixième édition du MaMA Festival & Convention 2019 !