Média leader du rap et des cultures populaires en France depuis son lancement en 2005, Booska-P annonce son rachat par un consortium de 17 investisseurs notamment composé de Paul Lê (La Belle Vie, Frichti), du groupe So Press, de Wale Gbadamosi Oyekanmi (anciennement Media.Monks Paris) et du producteur de films Sacha Ben Harroche. Son co-fondateur, Hamad, reste aux commandes en tant que directeur général. Cette opération lui permettra d’investir dans le développement de nouvelles activités — en particulier dans la production en marque blanche.
« On s’est rendu compte qu’on avait atteint notre plafond de verre »
En 2022, Booska-P affiche un chiffre d’affaires de 2,6 millions d’euros. L’année suivante, le média amorce une levée de fonds et annonce chercher un partenaire pour grandir.
Hamad, co-fondateur du média, explique : « L’après-Covid a été compliqué pour nous, il y a eu une récession sur le marché de la publicité. Mais on a eu le projet de levée en tête très tôt dans le développement de Booska-P. Après 15 ans de développement en indépendance, on s’est rendu compte qu’on avait atteint notre plafond de verre et qu’il allait falloir s’adosser à des partenaires pour aller plus loin. »
Dans le même temps, Booska-P fait face à des difficultés financières et entre en 2024 en cessation de paiement. Le 24 mai, le média placé en liquidation par voie de cession est repris par un consortium d’investisseurs, avec l’appui d’Hamad.
« Notre liberté éditoriale reste intacte »
Au total, 17 investisseurs réunis au sein d’un consortium décident de miser sur Booska-P : Paul Lê, Wale Gbadamosi Oyekanmi, So Press et Sacha Ben Harroche, mais aussi Laurent Ritter (Voodoo), Adrien Miniatti (Luni), Antony Rode et Pingki Houang (Les Sabliers), Anice Chaglou (Letus), Fariha Shah (Cominty), Reda Berrehili (Klub), Mathias Mouats et Steve Belkaçemi (Asap Work), Baptiste Corval (Phenix), Idir Ait Si Amer (Tracktor), Ahmed Ottman ainsi que Mehdi Benhibi (flashAd).
Pour Hamad, cette configuration est séduisante parce qu’elle lui permet de conserver le contrôle éditorial de Booska-P. « Notre liberté éditoriale reste intacte. D’autres groupes se sont intéressés à nous, mais beaucoup ont été éliminés d’entrée parce qu’ils risquaient de faire de l’interventionnisme sur nos contenus, ce qui était hors de question. »
« Booska-P n’a pas pour vocation de devenir Brut ou Konbini »
Les fonds injectés dans le média vont notamment lui permettre de développer de nouvelles activités, en particulier la production en marque blanche pour le compte de marques. « Sur Booska-P, on a réussi à développer une réelle légitimité et un savoir-faire qui sont très prisés par les marques avec lesquelles on travaille. On souhaite désormais pouvoir les accompagner dans la production de leurs propres contenus, par exemple pour les réseaux ou de la communication. »
Booska-P était déjà intervenu en tant que consultant sur le casting, la direction artistique et l’éditorial des saisons 2 et 3 de l’émission « Nouvelle École » (Netflix). Le média travaille désormais avec plusieurs marques sur des projets en marque blanche.
Concernant les contenus du média, Hamad précise : « On ne veut pas devenir généraliste, on reste un média culture. L’ADN premier de Booska-P, c’est le rap, et on se définit aujourd’hui comme un média des cultures populaires. On traite des sujets liés, sur lesquels on est légitimes, et qui reçoivent un accueil favorable de notre audience. On n’a pas pour vocation de devenir Brut ou Konbini. »
Illustration : Tom Menetrey