Avec San Fransisco, LK posait il y a déjà plus de trois ans la première pierre d’un édifice artistique à la fois cohérent musicalement et en constante évolution sur le plan lyrical. Sa participation au duo Hôtel Moscou aux côtés de Snuffomov a été l’occasion pour le rappeur originaire de Thonon-les-Bains de synthétiser ses nombreuses influences dans des egotrips soignés aux relents de Guerre Froide… Un univers et des personnages peaufinés qui contrastent avec la sincérité déroutante des titres solos d’LK. Après le succès d’estime de Xanadu en 2017, le rappeur a dévoilé en décembre dernier sur Nuit Mauves un éventail de sonorités hallucinées. Un travail de l’artiste sur ses influences et sa conception de la musique qui ouvrait les portes à un travail plus égal qui verra le jour trois mois plus tard sous la forme d’un EP de sept titres intitulé Aphelion.
1️⃣ L’évolution logique de la musicalité et de la textualité de LK
Sur Aphelion, LK poursuit son cheminement de vie et donc son cheminement artistique. Comme sur chaque projet, comme sur chaque production à vrai dire, on ressent le caractère très personnel de son implication à la manière dont sa personnalité et ses pensées y sont distillées. Sur NTFS, le rappeur clame sa volonté de se fondre dans le moule et porte un regard très extérieur sur la société et sa propre situation tout en déplorant le fait d’être doté de cette capacité. Musicalement, plus de sonorités pincées, qu’on retrouve notamment au refrain de Ghost, et dans l’écriture des références récurrentes aux fichiers numériques et à la facilité qu’on éprouve à les effacer… LK nous projette dans une nouvelle dystopie dépressive aux relents de modernité décadente et on en redemande !
2️⃣ Une parfaite introduction à l’univers artistique du rappeur
Pour qui n’est pas familier de l’univers très particulier d’LK, ce projet fait figure de carte de visite tant il brille par sa concision et son efficacité. Sept titres, un format court pour lequel beaucoup d’auditeurs ont proclamé leur amour depuis le Ye Summer de Kanye West, suffisent à donner vie à une synthèse idéale d’un univers pourtant complexe car attaché au vécu de son interprète. Un exercice de style certainement un peu complexe pour ce dernier, qui affectionne les projets assez longs : 15 titres pour Nuits Mauves, 17 pour Xanadu, 14 pour San Fransisco… Fin 2016, il confiait d’ailleurs à l’ABCDR du Son que son premier projet avait été raccourci sur les conseils de Lady MS (Néochrome).
3️⃣ Une plume transpirant la sincérité pour un rendu très intimiste
Le travail sur les influences et leur assimilation constitue une facette extrêmement importante du travail d’LK, ce dernier ne s’en est jamais caché et a d’ailleurs accepté de participer à un dossier de SwampDiggers sur la scène de Memphis… L’autre facette de sa production artistique, c’est sa plume. De titre en titre, LK déverse sur chaque mesure ses angoisses, sa tristesse, ses réflexions et des parcelles de sa vie qui donnent à l’ensemble un rendu très intimiste. Cet aspect caractéristique de San Francisco et Xanadu s’était quelque peu atténué sur une partie des morceaux de Nuits Mauves pour revenir de plus belle sur Aphélion. D’autant plus que cette fois, LK a choisi de faire figurer sur son album Moïse The Dude, un autre artiste qui a fait du spleen de marque de fabrique.