Réaliser une balance entre l’impact commercial, l’impact musical et la qualité intrinsèque de chaque projet sorti durant l’année figure certainement parmi les exercices les plus compliqués qui puissent être. C’est d’autant plus vrai que depuis deux ans, le rap français jouit d’une diversité incroyable, et donc d’un foisonnement de projets et d’un abattement de la frontière entre l’artiste de profession et l’artiste de loisir. Néanmoins, nous avons tenté d’établir un classement aussi objectif que possible, sans dénier une part de subjectivité qui ne peut pas s’effacer quand il est question de musique.
1️⃣ Spécial, l’incroyable oeuvre d’art de Siboy
2017 nous aura prouvé beaucoup de choses au sujet du 92i. Premièrement, que Damso est prêt à prendre la place de roi, deuxièmement que Benash n’a rien à envier aux autres membres, son album étant loin d’être aussi mauvais qu’on veut vous le faire croire, troisièmement que Shay aurait dû les quitter plus tôt au vu de la qualité de son dernier morceau avec Dany Synthé et Davido, et quatrièmement que Siboy est le rappeur le plus intéressant de la nouvelle génération.
Spécial, c’est ce genre de projet qui ne sera jamais dans un top 3 objectif de l’année, mais qui s’assoit tranquillement à la première place de n’importe quel podium subjectif. Ce genre de projet tellement complet qu’il est aussi calibré pour la radio que pour les clubs, pour les séances d’entraînement à la salle que pour réviser son dernier partiel d’histoire-géo. Spécial est tellement personnel, « tellement tout » qu’on aurait du mal à croire qu’il soit sorti des entrailles d’un aussi jeune loup que Siboy. C’est aussi grâce à des albums comme celui-ci que 2017 a pu dépasser 2016 et 2015, l’histoire le retiendra. Rien ne sert de présenter son auteur, Spécial contient toutes les clés nécessaires pour cerner la personnalité débordante de folle sincérité qui émane de Siboy, dès l’intro le glas est sonné : « talent précoce n*gro comme Mbappé ». Spécial est un incontournable de l’année, un péage obligatoire pour continuer sa conduite dans les allées boueuses du rap français en 2017, pourquoi boueuses ? Parce que Siboy a littéralement marché sur ses concurrents.
Aucun survivant n’a été retrouvé. Ecouter Spécial revient à imaginer Jean-Marie le Pen sur son canapé, mourir devant le top Spotify France : beaucoup trop noir par ici.
Alex
2️⃣ Agartha, plus qu’un simple tournant dans la carrière de Vald
Agartha est sûrement le projet le plus abouti et maîtrisé de Vald, qui passe avec brio l’étape du premier album. Le rappeur d’Aulnay-sous-Bois a su jongler entre les sons ouverts musicalement, s’écoutant dans différentes circonstances, et d’autres où il continue de montrer ses performances de kickeur, permettant de contenter les fans de la première heure.
Certains risques ont été pris, par exemple sur un morceau comme Petite Chatte. Vald ne l’avait jamais auparavant, et pourtant il a démontré avoir la polyvalence nécessaire à la réalisation de ce type de morceaux. Il en va de même pour l’outro Dernier Verre, un son idéal pour clôturer un after bien arrosé, tôt le matin, et donc l’album Agartha. L’un des points forts du projet est l’enchaînement logique des pistes, qui permet de plonger facilement dans l’univers de Vald. Ce dernier est si complexe qu’à l’écoute du projet il est possible d’avoir l’impression de passer non pas 24 heures mais une semaine entière avec lui. L’écoute nous plonge dans la vie du rappeur, entrecoupée de moments de fête, de questionnements sur son succès, le tout sans jamais vraiment se prendre au sérieux.
Ce serait réducteur et faussé de qualifier Agatha de projet de la maturité, puisque cette émotion ne fait pas partie de l’univers développé par Vald. Afin de mettre les petits plats dans les grands, le rappeur du 93 a marqué le coup en invitant une tête d’affiche, Damso, à venir partager un morceau, qui s’est avéré être l’un de ceux ayant porté le projet. Il y a eu un avant et un après Agartha, désormais les rappeurs n’hésitent plus à collaborer avec Vald et son image de personnage torturé s’est aminicie. Au-delà de ça, l’artiste Aulnaysien a surtout réussi à trouver son public, son mode de fonctionnement (en faisant beaucoup de festivals notamment) et surtout à maîtriser totalement son rap, qui est désormais fou, structuré et logique.
Thibault
3️⃣ Fantôme, quand un vétéran se met à la résistance…
Les quarantenaires dans le rap se comptent sur les doigts de la main, et quand on cherche à ne garder que ceux qui sont encore dignes d’un réel intérêt, on se rend assez vite compte qu’on a bien trop de doigts inutiles.
Heureusement pour nous, Rim’k appartient aux élus de la musique urbaine, des types capables de traverser les générations tout en proposant continuellement des albums dans l’ère du temps. Mais rien ne se fait sans sacrifice. 2016 a été l’année de la transition pour le tonton du bled, avec la Monster-Tape il faisait le pari d’embrasser les dernières tendances musicales d’un genre dont il occupait alors encore à l’époque uniquement la place de légende d’antan. Le constat était mitigé, l’auto-tune était maîtrisée mais l’utilisation bancale sur plusieurs morceaux, il avait tout de même réussi à nous surprendre sur beaucoup d’autres, mais le pari était assumé, preuve en est la série de featurings proposée avec les nouvelles idoles des jeunes : Nekfeu pour le rap français, Rich Homie Quan son homologue américain, avec qui l’alchimie fonctionne mieux qu’on n’aurait pu le penser.
Arrive 2017 et son lot d’attentes, le nouvel album de Rim’k promettait quelque chose de grand, et on peut décemment dire que la promesse a été tenue. Fantôme permet à son auteur de prouver au reste du rap actuel que l’âge n’empêche pas de faire meilleure figure que la moyenne, les featurings sont calibrés pour frapper de la meilleure des manières, l’apogée restant sûrement Rien de Lavable où Rim’k et Sch se surpassent l’un et l’autre. Le gros défaut que pouvait avoir la MonsterTape était ce rendu encore trop amateur sur certains refrains, ici, Rim’k met la barre plus haute qu’on ne l’aurait espéré, et ce même en solo. Pour preuve : les morceaux 500€ et Cité Dortoir.
Alex
4️⃣ 1994, point de départ de la carrière d’Hamza et avenir de la musique
C’est dire si ce projet était attendu. Hamza a délivré à son public grandissant des mixtapes toutes plus intéressantes les unes que les autres au cours de ces trois dernières années, faisant montre d’un talent qui s’affine et d’une polyvalence rare, jonglant avec tous les registres du rap mais aussi en alternant ce dernier avec le chant autotuné. Sa récente signature en major, chez Warner, avec la création de son propre label JustWokeUp, couplée à la lumière inédite braquée sur la scène bruxelloise que l’on doit notamment au succès monstre de Damso ont conféré à la sortie de 1994 un enjeu inédit dans la carrière de Hamza.
La direction artistique qui entoure Hamza a très bien compris l’enjeu autour de cette mixtape, c’est pourquoi elle a été accompagnée d’une communication impeccable : trois singles, Godzilla, Destiny’s Child et Vibes, ont été dévoilés afin d’alimenter l’attention autour de la sortie. Appuyés par des clips, l’image d’Hamza a été complètement redéfinie, coupant court aux clips plus amateurs sortis par le passé au profit d’une réalisation sans faille.
1994, au-delà d’être le disque d’une confirmation réussie sur tous les points, est une véritable carte de visite pour ceux qui s’apprêtent à le découvrir. Cette mixtape est un florilège de la musique qu’il a produite ces dernières années, totalement décomplexée, née des influences du rap le plus actuel pratiqué outre-Atlantique et du rnb du crépuscule du siècle dernier. Surtout, elle grave dans le marbre un style qui fait déjà des émules parmi ses collègues rappeurs. Quelque part, entre Matt Houston, les refrains chantés de 50 cent et Quavo, Hamza esquisse maintenant le futur de la musique.
Yanis
5️⃣ Deo Favente, l’album le moins bien compris de SCH?
« Avec la faveur de Dieu. » Le concept est lancé. Ce sera un seize titres, un format nettement plus long que ce à quoi il avait pu nous habituer avec A7 ou Anarchie. C’est ambitieux, mais rassurant, on n’aura peut-être pas notre dose pour l’année, mais ça nous suffira pour les quelques mois à venir. A7 s’ouvrait sur un SCH saigné à blanc, prêt à en découdre avec n’importe qui tant qu’il obtenait ce dont il avait toujours rêvé, puis Anarchie dévoilait un homme blessé par des gens de confiance, un homme qui venait d’acquérir ses nouvelles richesses socio-matérielles, qui en profitait et qui ne s’arrêterait pas avant d’avoir le monde à ses pieds.
Ici, Deo Favente nous offre un contraste d’une grande pureté, la cover de l’album aurait dû nous mettre sur la voie : son couronnement n’a pu avoir lieu que dans une flaque de sang, allégorisée en coulées d’or pur, comme pour nous rappeler une énième fois que l’argent tue même le plus vénérable des hommes. Deo Favente fait partie de ces projets-cartouches, ces œuvres que l’on peut écouter des centaines de fois sans jamais retrouver l’émotion de la première découverte, et pourtant ne jamais s’en lasser tant l’ensemble est complet et maîtrisé. L’impact du projet à sa sortie a été biaisé tant par l’explosion imprévisible du projet Ipséité de Damso quelques jours auparavant que par des imprévus d’ordre personnel, obligeant l’artiste à écourter sa promo pour se replier dans le silence, et ce jusqu’à la fin d’année 2017.
SCH nous avait promis un début de renaissance de son style depuis Anarchie, que l’opinion publique avait qualifié d’album commercial, avec Deo Favente le tour est joué, la direction artistique est travaillée de la meilleure des manières, preuve en est l’enchaînement Mac 11, Les Années de Plomb, Pas la Paix, la quintessence de ce qu’il sait faire de mieux.
Alex
6️⃣ Ipséité, la confirmation du phénomène Damso…
Difficile de parler du dernier disque de Damso tout en étant inédit. Tant a déjà été raconté sur un des incontestables succès de l’année, sur les plans de la popularité mais aussi et surtout de l’estime. Sans jamais vraiment faire de bruit, le Bruxellois a plastifié les services de streaming et les charts avec sa musique versatile. Derrière le succès monstrueux de Macarena, tous les morceaux de l’album sont certifiés, prouesse rare dans le rap qui témoigne d’un succès fou.
Encore méconnu du grand public il y a deux ans, il a su saisir l’opportunité offerte par Booba en débitant le meilleur couplet de Nero Nemesis sur Pinocchio avant de capitaliser cette performance avec un single trap, Bruxelles Vie. Une fois une première fan base conquise, il a laissé parler sa créativité et son talent pour concocter un univers sombre et lubrique dans lequel le sexe, la haine et les regrets se frôlent.
Ce dernier album élargit les horizons artistiques de Damso : les ténèbres qui entouraient le déjà excellent Batterie Faible ont été transposées sur Ipséité en spleen inextricable qui donne naissance à des moments d’introspection certes moins marquants que le morceau Amnésie mais tout aussi intenses. L’amour y est le point central : il est adressé à sa terre natale sur Kin la belle, à sa fille sur Peur d’être père et surtout, l’amour est adressé aux femmes sur l’essentiel de l’album, bien qu’à demi-mots, en témoigne le paradoxe sur lequel se construit Macarena. En outre, peu importe la couleur de l’instrumentale sur laquelle le Belge pose, chacun des morceaux fait mouche. Véritable force de frappe, Ipséité s’est incontestablement frayé une place parmi les meilleurs disques de l’année alors que Damso, en roi Midas, transforme tout ce qu’il touche en or.
Yanis.
7️⃣ Vréel 2, le virus Kekra adopte sa mutation la plus puissante
Comme le pire des virus, Kekra ne cesse de muter, rendant les vaccins impossibles et la contamination certaine. Doucement mais sûrement, par sa détermination sans borne et sa confiance absolue qu’il aime rapper à l’envie, ce qui rappelle un certain Meek Mill, le rappeur masqué de Courbevoie émerge de son quartier. Vréel a été une première étape vers la sortie de l’anonymat : l’album, porté par des gros morceaux tels que Satin ou encore Pas Joli, a su trouver son public et l’incorporation de morceaux bonus présents sur ses mixtapes précédentes a permis à son nouvel auditoire de s’y tourner afin d’embrasser toute sa discographie.
Tout en évoluant, Kekra n’a de cesse de puiser les origines de sa nouvelle musique dans ce qu’il a pu produire par le passé, comme s’il en distillait des pistes pour mieux les exploiter. Tout semble millimétré. Alors qu’il sème des morceaux comme Samosa sur Freebase 3, Vréel 2, sorti quelques mois plus tard, adopte une couleur musicale proche de celle de ce succès.
Après avoir rappé sa domination sur les autres rappeurs et son quotidien de trafiquant de drogue, il se met à la chanter, toujours avec sa hargne, sur Vréel 2, un disque qui fait le lien entre les fans de la première heure et ceux qui poussent seulement la porte de l’univers de Kekra. Sa science des refrains addictifs est alors à son apogée alors que les flows sont toujours de plus en plus variés. Surtout, à l’image du Vréel précédent, il sème une fois encore les graines de ce que sera sa musique demain. Ainsi, alors que derrière l’énorme 9 Milli se cachait J’suis là pour…, prémices de grime qui ont dévoré Vréel 3. Avec Kekra, le regard doit être perpétuellement tourné vers l’avenir.
Yanis
8️⃣ Trône, Booba est-il confortablement installé dessus?
En professionnel de la communication, depuis quelques années, Booba laisse planer la théorie qu’un album surprise sortira un jour ou l’autre. En tous cas, la surprise n’est pas forcément la facette principal de Trône. Une fois n’est pas coutume, le DUC a suivi les tendances musicales actuelles pour réaliser cet opus, ce qui diffère de l’accoutumée où Booba amenait lui-même les tendances dans le paysage du rap français. Toutefois, cet album avait pour objectif de déterminer où se situait Booba par rapport au reste du rap français, et Trône est maîtrisé, même s’il manque de folie à certains moments. Néanmoins, cet éventuel défaut est largement compensé par l’éclectisme du projet, passant de morceaux rappés à d’autres plus introspectifs, sans éviter les sons plus grand public autotunés, dont B2O en a fait une de ses marques de fabrique.
Une question découle de cet album concernant les exigences vis-à-vis de Booba. Ce dernier force le respect dans le rap français grâce à sa longévité de carrière mais doit-on toujours attendre l’excellence de la part de Booba ? A une époque où la concurrence dans le rap français est accrue, aussi bien quantitativement que par la pluralité des styles présent, que pouvions-nous attendre d’autre de la part de B20, si ce n’est un projet maîtrisé de A à Z, en terme de productions, de construction, de choix de featurings et même d’alchimie générale du projet? Ce disque, sorti peu avant l’hiver, est froid, et comme à chaque projet de Booba, l’avenir nous donnera un autre regard sur Trône.
Thibault
9️⃣ Commando, le rap français braqué en plein jour par Niska
Commando cristallisait énormément d’attentes et a logiquement été l’un des projets les plus désirés de cette année 2017. De nombreuses interrogations planaient autour de la couleur musicale de l’album, à savoir si Niska ferait banger sur banger ou s’il allait proposer un album plus ouvert musicalement, au vu du succès de Réseaux. Cette dualité n’a pas eu lieu étant donné qu’à l’instar de Zifukoro, Niska a effectué de nombreux compromis afin de satisfaire toutes les couches de son public.
Portés par des singles tels que Salé et Réseaux, Niska a également décidé de faire de ce projet un moment de partage, puisque Booba, MHD et Skaodi étaient de la partie. Les deux premiers invités ont montré l’ampleur du projet, et dans des styles différentes, les morceaux étaient des réussites, montrant sur Tuba Life qu’un refrain peut faire la différence et que l’afro-trap est l’une de ses spécialités sur Versus. En dehors des featurings, la conception de l’album est logique, une récurrence en 2017, prouvant que le rap français se professionnalise et que le hasard a été remplacé par la stratégie.
Niska a montré une évolution tout au long de sa carrière et Commando est son projet le plus logique et le plus cadré, en réussissant enfin à fédérer les différentes couches de son public. Toutefois, cette stratégie présente le défaut de ne pas correspondre à l’attente initiale de l’auditeur, qui s’attendait à un projet rappé ou ouvert, mais pas un savant mélange des deux. Finalement, à une époque où les chiffres sont le leitmotiv, les 300 000 exemplaires écoulés en moins de 3 mois d’exploitation donnent raison à Niska et Capitol.
Thibault
? OX7, une symbolique forte et la renaissance de Niro
Plus de 5 ans après, il est temps de le dire: Paraplégique et son pendant Rééducation figurent parmi les projets les plus marquants des années 2010. Pour autant, ce début de carrière explosif présente un risque pour Niro, celui de s’enliser dans son propre style et de ne jamais parvenir à passer un seuil qu’il a fixé lui-même. En 2016, la sortie d’Or Game vient apporter un peu de sable à la théorie. L’album salvateur de Niro, c’est Les Autres, sorti la même année, qui lui permet de décrocher le premier disque d’or de sa carrière. Mais cette fois encore, l’écoute de l’album révélatrice d’une volonté d’évolution montre également que cette dernière n’est pas aboutie. Autant le dire, OX7 est l’aboutissement de cette transition.
L’album est extrêmement riche, une richesse qui se traduit au premier abord par des jeux de symbolique (notamment autour du chiffre 7 qui est inscrit dans le titre du projet mais qui est également lié à sa date de sortie le 07/07/2017, qui correspond notamment au nombre de tours de la Kaaba que comprend le Tawaf), mais qui se ressent aussi tout au long de l’album. Plus léger que la plupart des projets de Niro, la musicalité s’y voit accorder une part beaucoup plus importante, qui sera récompensée par un single d’or attribué au titre Sors de ma tête. OX7 est également servi par une structure courte en 13 titres qui permet de mettre en valeur chaque titre.
Deux semaines plus tard, l’album M8RE est révélé. Les deux projets se combinent par le nom pour former le mot « oxymore », par l’image pour former l’image (oxymorique) d’une colombe (symbole de la paix) tenant une grenade, et musicalement pour livrer un portrait torturé de Niro.
Squale
➡️ Découvrez le classement complet des 20 meilleurs albums de 2017
- Siboy – Spécial
- Vald – Agartha
- Rim’K – Fantôme
- Hamza – 1994
- SCH – Deo Favente
- Damso – Ipséité
- Kekra – Vréel 2
- Booba – Trône
- Niska – Commando
- Niro – OX7
- Ninho – Comme Prévu
- Sadek – Vulgaire Violent et Ravi d’être là
- Hornet la Frappe – Nous-mêmes
- Infinit’ – NSMLM
- Orelsan – La fête est finie
- Triplego – 2020
- Deen Burbigo – Grand Cru
- Alkpote – Les Marches de l’Empereur 2
- Sofiane – Je suis passé chez So
- Jul – La tête dans les nuages