Il y a deux ans, Timal effectuait ses premiers pas sur la chaîne YouTube Daymolition avec le premier épisode de sa série de freestyles Rapport. Ce titre a été un tournant majeur dans sa carrière, à partir duquel il a enchaîné les millions de vues. En l’espace de deux ans, le rappeur originaire de Champs-sur-Marne (77) est logiquement devenu la première signature du label Daymolition tout en glanant un single d’or avec Vatos, prouvant par la même occasion l’engouement autour de la sortie de son premier projet Trop chaud qui verra le jour le 27 avril. C’est à cette occasion que nous sommes partis à sa rencontre, afin d’en apprendre davantage sur ses débuts dans le milieu, sa vision du rap français et surtout ce que contiendra le premier projet de sa carrière.
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➡ Un attachement viscéral à Champs-sur-Marne, aux origines du phénomène Timal
L’engouement autour de Timal existe depuis un peu moins de deux ans, pour autant cela ne correspond pas à ses premiers pas dans le rap français. En effet, le rappeur de Champs sur Marne officie depuis environ 4 ans sur internet, mais à cette époque seule la musique parlait et il n’y avait pas de visuels pour l’illustrer. C’est seulement deux ans plus tard, en 2016, que ce cap a été franchi, d’abord sur Facebook qui a constitué une première étape vers la mise en ligne de ses clips, puis sur YouTube. Timal avoue que le premier freestyle posté sur Facebook a été décisif dans sa carrière, au vu de l’impact qu’il avait suscité à l’échelle locale. L’artiste originaire du 77 démontre qu’il est avant tout un rappeur de terrain, ayant fait son trou étape par étape, avec une communauté déjà présente depuis un certain moment.
Concernant ses influences, Timal choisit de mettre en avant le rôle du rappeur Boxon : « Plus jeune dans mon quartier, il y avait déjà Boxon qui rappait, mon premier titre, c’était avec lui. Ca a déclenché quelque chose car après ce morceau, les gens me disaient tu rappes bien, continue. Mais pour Boxon, il avait fait quelques Planète Rap, c’était déjà grand pour nous. » En citant un rappeur originaire du même quartier comme influence, Timal montre l’attachement porté à son environnement local. Toutefois, le rappeur évoque également le manque d’infrastructure pour se développer artistiquement dans le 77. Par la force des choses, c’est dans la cave ou sur le terrain que Timal a commencé à rapper pour ensuite penser à une éventuelle carrière de rappeur.
➡ Une stratégie centrée sur les séries Rapport et La et une récente ouverture musicale
Le 25 mars 2016, il y a quasiment deux ans jour pour jour, Timal dévoilait son premier Rapport, embryon de sa série de freestyles à succès qui cumule à ce jour près de 30 millions de vues réparties en 6 épisodes. Immédiatement, les différents Rapports ont parfaitement collé à l’image développé par la chaîne Daymolition, et le style hargneux et hardcore de Timal a logiquement trouvé son public. Toutefois, l’artiste du 77 a toujours envie de montrer sa progression auprès du grand public et c’est pour cette raison que les La ont vu le jour, une série qui se caractérise souvent par l’absence de refrain et donc par un format plus proche du freestyle, laissant place à la technique. Timal a rapidement compris que la qualité intrinsèque de sa musique, à savoir la valeur ajoutée du ton criard de sa voix, pouvait aussi devenir sa faiblesse en lassant le public.
Le rappeur a donc proposé deux échantillons de sa musique travaillés différemment et musicalement plus ouverts, anticipation bienvenue d’éventuelles critiques. Tout n’est pas forcément idyllique, car le sixième Rapport a généré moins de vues, mais Timal prend de la hauteur vis-à-vis de cette éventuelle contre-performance : « En vrai j’étais même pas déçu. Si t’aimes pas le clip, tu vas pas le regarder. A partir du moment où je le mets, c’est que je suis content du résultat. Après c’est peut-être des fautes artistiques, des fautes professionnelles aussi, peut-être que j’ai mis trop de temps à le sortir, pas assez de promo ou une erreur dans le refrain. Après, tu vas au studio le lendemain, tu prends une prod et tu sors un autre son, c’est même pas de la déception, il y a des gens qui m’envoyaient des snaps de Rapport 6, et ça tuait. »
➡ Une vision du rap comme un sport individuel et non un sport d’équipe et la solidarité avec ses proches
Depuis le début de sa carrière, Timal ne s’est jamais mélangé, hormis avec Fianso et YL sur Dis-moi où tu pecho. Ce featuring avec Sofiane semblait logique, étant donné que Timal avait remixé quelques mois auparavant l’épisode 3 de la série de freestyle #JeSuisPasséChezSo dont la version initiale regroupait de nombreux rappeurs. Ce remix était un clin d’œil de la part de Timal, une manière de montrer que bien qu’artistiquement centré sur lui-même, il n’avait rien contre une saine concurrence. Cette rareté des collaborations de Timal s’explique par sa vision particulière du rap, celle d’un sport individuel et non d’équipe. Le rappeur est clair sur ce sujet, s’il devait mettre quelqu’un en avant ça serait ses proches et personne d’autre. A ce sujet, Timal a aussi tenu à nuancer ses points communs dans la manière de poser avec Badjer : « C’est peut-être lié, après chacun sa hargne, chacun dit les choses à sa façon et s’exprime sur son morceau. »
➡ Une volonté d’innover, de se situer en précurseur et de marquer visuellement l’auditeur
Timal ne souhaite pas s’aligner sur les autres, mais plutôt être précurseur. C’est pour cette raison qu’il dévoile au compte goutte sa tracklist, à travers différentes vidéos relayées sur les réseaux sociaux de Booska-P. Pour le rappeur originaire de Champs sur Marne, il est difficilement concevable de proposer une œuvre artistique sans se démarquer et amener sa propre griffe dans le rap français. C’est notamment le cas sur ses clips, dont l’image est toujours très sombre, aussi bien sur l’étalonnage que dans la mise en scène voire le scénario. Cet esthétisme noir représente parfaitement le quotidien de Timal, selon ses propres dires. Au-delà de ce grain de couleur, le rappeur du 77 aime ramener des objets symbolisant le quartier, à savoir le feu, l’alcool, le bitume, le scooter, les bécanes débridées, mais également de mettre en image la vente au quartier et l’attente générée par le point de vente.
Bien que ces codes aient déjà été utilisés, Timal a également une faculté à en parler de façon particulière dans ses textes, sans que cela ressemble à quelque chose ayant déjà été fait au niveau de la tournure de phrase, tout en réussissant à parfaitement ancrer la scène racontée dans la tête de l’auditeur. Toutefois, Timal a envie d’une chose, marquer visuellement : « Il y a des trucs sur lesquels, je me casse la tête comme dans Rapport 5, la bécane, le jaune, c’est un tout, on réfléchit ensemble parce que c’est des morceaux où il y a des refrains. Sinon les freestyles, les LA et tout, c’est justement des trucs où j’ai pas envie de me prendre la tête, où je suis plus terre à terre. Tu te dis il fait des clips là bas, là bas, j’ai démarré comme ça aussi avec une Clio 3 ouverte, une instru et je rappais, au final les gens kiffent quand même. L’image reflète ce que tu dégages. ».
➡ Trop Chaud, une étape majeure de la carrière de Timal prévue pour le 27 avril !
Hormis les noms des différents beatmakers présents sur le projet et le nom des titres, Timal a révélé très peu d’informations sur Trop chaud. La signature Daymolition nous a alors expliqué qu’il avait souhaité prendre son temps avant de sortir le projet afin qu’il soit le plus abouti possible, tout en sortant dans des conditions optimales. En parallèle, Timal ne s’est fixé aucun objectif commercial particulier, ou du moins il ne souhaite pas les révéler auprès du grand public, préférant les garder secrets, tout en estimant que s’ils ne sont pas atteints, cela ne sera pas un drame. Ainsi, l’artiste de Champs-sur-Marne n’éprouve pas de pression particulière, restant fidèle à son côté sûr de lui-même développé dans sa musique.
« J’ai pas particulièrement de pression. Après peut-être que les gens qui s’occupent de moi en ont, après je me dis c’est de la musique, je taffe bien, je propose les gens aiment bien, donc je kiffe le truc jusqu’à présent. » A ce jour, Vatos reste son plus gros succès au vu de l’obtention du single d’or, et à l’instar du premier extrait Arrivant du projet à venir, Timal suprend par le choix de la production tout en conservant son ADN. D’ailleurs le rappeur du 77 a confié qu’Arrivant ne serait pas la seule prise de risque sur le choix de la production mais que rien ne serait dénaturé. Cette formule ayant parfaitement fonctionné sur Vatos est vue d’une façon particulière par Timal puisqu’il estime que le succès du morceau est davantage lié au thème et au moment où est sorti le morceau, au sens du timing.
Si Vatos et Arrivant ont incontestablement contribué à étendre le public du rappeur, le 27 avril pourrait constituer un nouveau pivot de sa carrière. « Trop Chaud, c’est du rap de rappeur, et il y a beaucoup de sons censés mais il y a toujours des putains de productions qui suivent. J’essaye de proposer un bon mix, des textes censés, un peu rap, j’essaye de toujours monter plus haut sur ce projet, surtout sur les flows. Franchement, mon album, il y a que du dehors avec un peu de réalité, et beaucoup de patate aussi ! »