Des tréfonds de SoundCloud à un projet commun avec Future en passant par un featuring avec Travis Scott, Juice WRLD a parcouru énormément de chemin en à peine plus d’un an. Désormais installé dans le paysage rap outre-Atlantique, le jeune artiste hybride – toujours entre rap et chant – se démarque par un panorama d’influences musicales extrêmement large. Focus sur une des potentielles stars de demain.
The day I make a collab tape with @1future is the day I made it 🏁
— . (@JuiceWorlddd) October 16, 2017
➡ Une enfance riche en influences musicales variées
Jarad Higgins naît le 2 décembre 1998 à Chicago. Si sa mère est toujours présente, son père est beaucoup plus volatile. Jarad a baigné dans la musique très jeune : il s’adonne au piano et à la guitare alors qu’il n’est encore qu’un enfant. Proche de ses frères et de ses cousins, il subit leurs goûts musicaux très pointus : ils sont fans, entre autres, de Gucci Mane, Jeezy et Lil Wayne. Toutefois, sa mère, très puritaine, tente de l’empêcher d’écouter les musiques de ces hommes criblées de vulgarités. Ces premières influences se voient toutefois nuancées alors qu’il entre dans l’adolescence : après s’être amouraché d’une « emo bitch », il se met à écouter les mêmes musiques qu’elle dans le but de lui taper dans l’œil. Au Dirty South vient donc se superposer des groupes de rock comme Paramore, Fall Out Boy, Bullet For My Valentine ou encore Black Sabbath.
Toutefois, en 2008 sort un album qui cristallise la direction artistique que prendra Jarad une fois qu’il aura mué en Juice WRLD : 808s & Heartbreak de Kanye West. Encore aujourd’hui son album préféré – à l’instar d’un certain Lil Uzi Vert – Jarad était touché par des histoires de cœur brisé qu’il ne comprenait même pas. Puis, l’effusion de drill à Chicago au début des années 2010 achèvera la construction de sa future identité musicale. Particulièrement intrigué par les expériences folles de Chief Keef – notamment sur Back From The Dead 2, une mixtape dont il est fan – Jarad voit naître en lui l’envie d’imiter son rappeur préféré. Il devient donc Juice WRLD, en référence au film du même nom avec Tupac Shakur, et se fait virer de son poste dans une usine afin de se consacrer véritablement à la musique. Le 15 juin 2017, il publie sur SoundCloud son premier projet 9 9 9 – exutoire de son adolescence d’accro au Xanax et à la lean – où figure son plus gros hit à ce jour : « Lucid Dreams ». Fruit d’une déception amoureuse, le sample de « Shape Of My Heart » de Sting plaît beaucoup. Juice WRLD se construit un premier public avec son rap étrange et nébuleux où se mêlent drogues, désespoir et candeur déchue.
➡ Les rêves de Juice WRLD deviennent réalité
Alors que son premier projet fait croître sa notoriété sur SoundCloud, Juice WRLD persévère et signe un EP en décembre, Nothings Different, dans lequel le titre « All Girls Are The Same » attire l’attention du public et permet au rappeur d’enfoncer les portes du succès. En effet, en février 2018, il signe chez Interscope Records un deal à hauteur de 3 millions de dollars. En mai, Juice WRLD publie le clip de « Lucid Dreams » et son premier album, Goobye & Good Riddance. Y sont incorporés ses deux premiers hits ainsi qu’un featuring avec… Lil Uzi Vert, avec qui il partage une passion pour le quatrième album de Kanye West. Ce projet propulse le tube « Lucid Dreams » jusqu’à la 2e place du Billboard Hot 100 derrière l’intouchable Cardi B avec « I Like It ». Surtout, il permet au rappeur de Chicago de se faire un nom dans tout le pays. L’album, très réussi, esquisse véritablement les contours de la musique de Juice WRLD : très émotive et mélancolique, elle se camoufle derrière des sonorités semblables à des bandes-son de jeu vidéo. Ainsi, elle devient surréelle, tel un songe sibyllin.
Désormais sur sa lancée, on le retrouvait cet été au casting d’un des plus gros albums de l’année, ASTROWORLD, via « No Bystanders ». Puis, son coup de foudre artistique avec Future les a conduits à de sombres heures de studio, copieusement arrosées de lean et saupoudrées de Xanax. Ensemble, ils ont enfanté WRLD On Drugs, un projet pétri de featurings (Nicki Minaj, Lil Wayne, Yung Bans…) dans lequel Future se drape des sonorités de Juice WRLD pour dissimuler son cœur nécrosé, élimé par les substances, notamment sur « Fine China » ou « Ain’t Livin Right » avec Gunna. Quant au jeune rappeur, il est aspiré par Future dans les méandres et la noirceur de son univers à travers des titres comme « Red Bentley » avec Young Thug, « Oxy » ou « 7 Am Freestyle ». Leur union improbable, en plus d’être réussie, va permettre à Juice WRLD d’acquérir encore plus de notoriété. Le rappeur semble définitivement prêt à éclabousser le monde de son talent alors qu’il travaille déjà sur son deuxième album.