Avec East Atlanta Love Letter, 6lack, dont la typographie rend hommage à la zone 6 d’où il vient, a passé avec brio le cap deuxième album. En effet, East Atlanta Love Letter se veut à la fois plus intimiste et plus étoffé que son prédécesseur, Free 6lack. Surtout, cet album a fait beaucoup plus de bruit : avec 76.340 ventes en première semaine outre-Atlantique, l’homme se positionne clairement comme un acteur majeur des scènes d’Atlanta et du R’n’B américain. Toutefois, rien ne prédestinait Ricardo Valdez Valentine à cet aboutissement. Avant le succès, il a connu les échecs et y a développé une résistance à toute épreuve.
➡ Du battle rap au cadeau empoisonné de Flo Rida, un début de carrière difficile
Au vu de la trajectoire de sa carrière, seul un être extrêmement confiant et combatif aurait pu la mener à bien. Originellement, les premiers pas dans la musique de 6lack se font dans le rap via des ligues de battle rap. Cheveux courts et calibre dans la gorge, il affûte sa plume héritée de son père, rappeur lui aussi. Dans ces rings improvisés, il croise notamment le fer avec Young Thug, avant de s’unir avec lui des années plus tard sur Climax, issu de l’EP On The Rvn de Thugger sorti ce lundi.
En 2011, ses efforts acharnés semblent payer : repéré par Flo Rida, à l’époque une machine à tubes, il signe sur son label International Music Group. Ricardo Valdez Valentine abandonne aussitôt l’université pour s’adonner entièrement à sa passion. Malheureusement, rien ne se déroule comme prévu. Alors qu’il imaginait publier un projet, il voit ses mains liées par son label et doit se contenter de publier sa musique sur SoundCloud. Durant cinq ans, la situation n’évolue pas jusqu’à ce qu’il se décide enfin à reprendre son sort en main : en engageant un avocat, il se dépêtre enfin de son contrat pourri.
➡ Nouveau label, premier projet et tout s’accélère
Dans le viseur d’Interscope, 6lack continue tout de même de faire confiance à l’industrie musicale et signe avec eux un nouveau contrat en 2016. Cette fois, tout s’accélère : de ses dernières années de misère, obligé de dormir en studio, parfois même dans la rue, miné par un deal calamiteux, en est ressorti un artiste déterminé et assuré. Surtout, durant ces cinq ans, 6lack a pris le temps de se polir une identité musicale et un projet, prêt à sortir sitôt qu’il sera libre. C’est avec cet historique que sort Free 6lack, le 18 novembre 2016. L’album rencontre un succès critique important au point d’être nominé aux Grammy Awards dans la catégorie « Best Urban Contemporary Album » aux côtés de prestigieux artistes tels que The Weeknd, SZA et Childish Gambino. Quant au titre Prblms, il est remarqué au point d’être couronné d’un single de platine.
Cette reconnaissance inédite et soudaine – après avoir passé tant de temps dans l’ombre, à arpenter les rues d’Atlanta en quête d’un emcee à découper et à travailler sa musique surnaturelle, entre les limbes et l’anxiogène, transcendée par une voix vaporeuse et éthérée – a permis à 6lack de se faire connaître du grand public. En position de force, après une tournée américaine puis européenne couronnée de succès, 6lack a pris le temps de composer un digne successeur à Free 6lack. Est né son deuxième album, East Atlanta Love Letter, sur lequel figurent notamment J. Cole, Khalid ou encore Offset. Ce disque est une grande réussite, marquée par une évolution artistique certaine. Sa musique y est beaucoup plus hypnotique : sur des claviers faussement légers, il signe avec Future l’hymne de l’Est d’Atlanta, entre violence, âpreté et regrets étouffés. Surtout, 6lack semble avoir gagné en charisme et parle entre autres d’amour avec beaucoup d’élégance et de pudeur.
Plus que jamais, 6lack est la véritable étoile montante d’Atlanta. Il se hisse vers les sommets sans jamais regarder en arrière. Pétri de détermination et de créativité, le chanteur a écrit son propre destin : celui d’une carrière prospère.