Le 12 juillet dernier, Oboy sortait sur le label 6&7 (Believe Music France) son premier album studio, intitulé Omega. Après trois années d’espoirs et de travail acharné, le rappeur qui avait été révélé au public par le surprenant Olyside semble avoir mis un terme à sa recherche de soi. À la fois varié et fidèle à l’identité artistique d’Oboy, d’une richesse de sonorités à peine contrebalancée par un track listing maîtrisé de bout en bout, Omega s’affirme d’emblée comme l’un des projets majeurs de ce début d’année 2019. Sur le plan musical comme sur le plan commercial, le rappeur parisien impressionne et franchit en toute simplicité un pallier majeur de sa carrière…
➡️ Un début de carrière consacré à la recherche d’une identité propre
À ses débuts, Oboy a rencontre rapidement un succès certain. Évoluant dans un univers sombre et teinté de codéine, il est malgré lui perçu comme une alternative a Joke. Il s’impose donc facilement auprès d’un public affamé par l’attente interminable de la sortie d’Ultraviolet. Ce succès prématuré est avant tout un succès d’estime, Oboy n’a pas enchaîné immédiatement comme a pu faire Django a la même époque. Le rappeur préfère prendre son temps avant de revenir, pour s’entraîner et développer un univers propre. Olyside est un premier essai, pas concluant sous toutes les coutures mais néanmoins pas dépourvu d’intérêt pour autant. Par la suite, Oboy confirme son statut d’espoir au travers de l’EP Southside. Ce huit titres paru sous le label Syndicate Records (Eden Dillinger, Haristone) dévoile un Oboy plus affirmé, qui sait où il va. Si l’opus précédent était une carte de visite sans réelle identité, SouthSide se veut plus personnel. On retrouve une ADN musicale propre, mais aussi une réelle maîtrise des détails.
Le morceau phare du projet, Cobra, est ainsi bien plus impactant que l’ensemble du premier EP. Oboy ne se contente plus d’exagérer sa nonchalance et préfère peaufiner son travail pour donner de la profondeur au morceau sans se départir de sa facette lascive. Le rappeur explore une nouvelle dimension dans laquelle il cesse de s’inspirer pour se mettre à innover. Ce n’est pas pour autant qu’il change totalement de style : il garde un pied dans l’univers planant et mélancolique d’Olyside mais sous une forme plus travaillée, à l’image du morceau Extra. Il est important de noter que jusqu’ici, l’artiste avait mené une carrière plutôt solitaire. Hormis un passage par le collectif Way Boto, inactif depuis la sortie de son unique projet en 2016, il n’avait jamais vraiment partagé l’affiche. Une situation impactante en termes de créativité : dans cette situation, l’artiste n’a pas à s’adapter à des univers différents et se contente de faire ce qu’il maîtrise.
➡️ Avec Omega, un Oboy ouvert à de nouveaux univers musicaux
Avec Omega, Oboy s’est ouvert au travers d’un premier featuring prestigieux ; le rappeur se paye le luxe d’inviter Aya Nakamura et le hollandais DopeBwoy pour partager le morceau Je m’en tape. Sur une instru afro-trap orientée club, il se retrouve dans un univers qu’il n’avait jamais exploré auparavant. C’est aussi le cas sur Rien à fêter, ou encore R10, premier extrait aux sonorités d’inspiration brésiliennes. Ces deux titres contrastent avec sa production antérieure. Ici, les mélodies sont festives et rythmées, à l’opposé de la nonchalance habituelle d’Oboy. Toutefois, ce dernier reste cohérent dans sa démarche et s’adapte sans abandonner sa recette.. C’est une manoeuvre intelligente car en s’ouvrant à de nouveaux horizons, l’artiste élargit son public avec des entrées en playlist sur Skyrock et Mouv’. Malgré cette diversification, Omega garde une ligne conductrice. Ces titres aux sonorités inhabituelles sont placés de manière à ne pas casser le rythme de l’album, entourés de morceaux plus calmes.
C’est le cas d’Alpha et Olympe, morceaux fluides et ensoleillés idéals pour rider sous un coucher de soleil, qui se retrouvent dans la tracklist aux côtés de Beta et Wu Tang, plus sombres et mélancoliques. L’artiste est tiraillé entre la lumière et les ténèbres, tant musicalement que personnellement. Ce tiraillement est illustré par la pochette du projet, qui représente Oboy pris entre ses passions et ses démons. Tout comme Vald il y a quelques années, Oboy a su s’adapter pour élargir son public sans pour autant abandonner l’essence de son personnage. Côté chiffres, le clip de Je m’en tape vient de détrôner celui de Cobra, avec 3,7M contre 3,5M de vues YouTube. L’album s’est écoulé à 1.999 exemplaires en première semaine, dont 18% au format physique et en téléchargement, pour atteindre un total de 4.482 ventes après trois semaines d’exploitation. Des indicateurs solides pour un artiste sur la pente ascendante…