Après plusieurs faux départs et de nombreuses annonces prématurées, le projet DC4 de Meek Mill a enfin vu le jour le 28 octobre 2016. Le quatrième opus de sa série Dreamchasers était encore plus attendu que le résultat de l’élection présidentielle américaine, du moins pour les fans du rappeur… Meek rencontre des difficultés à trouver le juste milieu entre son ancienne et sa nouvelle vie, mais a également du mal à se positionner sur son statut ; entre le rappeur de rue et la superstar. Meek est ce rappeur qui est à la fois sûr de lui mais qui a du mal à s’affirmer ou faire l’unanimité auprès du grand public.
Un parcours semé d’embûches
Depuis la sortie de la deuxième tranche de son EP 4/4 en janvier 2016, Meek a été musicalement silencieux. Son clash avec Drake a entrainé une guerre de montages sur les réseaux sociaux, pour littéralement se foutre de la gueule du rappeur, ce qui a laissé la crédibilité de Meek Mill en tant que rappeur se voir matraquée par le public mais également par les chaines de fast-foods qui ont utilisé cette tendance à leur avantage. Ses différents clashs avec Drake, The Game, 50 Cent, ou encore la légende du rap Benie Signel pour n’en citer que quelques-uns ont entrainé une baisse de la côte de popularité du rappeur, bien que les avis soient partagés.
En parallèle de tous ces clashs, Meek a été confronté à de nombreux problèmes avec la justice qui auront pour conséquences un séjour en prison et une interdiction de quitter son domicile sans autorisation durant 3 mois environ. La réputation de Meek Mill semble être celle du rappeur basique qui a connu la misère, à la recherche permanente de reconnaissance se sentant constamment sous-estimé. Avec un peu plus de 14 projets à son actif, mixtapes et albums confondus, Meek a déjà parcourus tout cet aspect « rue », donc que peut-il réellemnt apporter au public hip-hop ? DC4 est donc la chance pour Meek d’écrire un nouveau chapitre de son histoire.
DC4 redore légèrement le blason du rappeur
La série Dreamchasers est un concept qui définit à la fois les aventures et l’identité du rappeur. Le rappeur identifie ses ambitions à celles de son père qui est mort en tentant de devenir riche. La musique est donc un moyen pour le rappeur de sortir du ghetto, bien que ce soit fait depuis quelques années maintenant, et de vivre son propre rêve américain. C’est ce qu’il partage sur l’ensemble de cette série, son énergie et sa rage transmises à travers l’ensemble de sa musique fais désormais partie de sa signature présente également sur la mixtape DC4.
Bien que le natif de Philadelphie soit en tête d’affiche de sa mixtape DC4, il a fait appel à ses amis et alliés de l’industrie. On retrouve sur le projet ; Nicki Minaj, Lil Uzi Vert, Young Thug, Quavo, Tory Lanez, Pusha T et même l’ancien protégé de Meek Mill, Lil Snupe, décédé il y a maintenant 3 ans à seulement 18 ans. Beaucoup trop de collaborations à mon goût, surtout à ce moment de sa carrière. On en attend vraiment beaucoup de Meek, et de lui seul (même sur ses clashs, il ramène toujours son cousin Omelly qui soit dit en passant est nul). On peut tout de même noter le bon travail effectué pour cette mixtape, notamment les beats utilisés tout au long du projet qui ont été minutieusement choisis par le rappeur et comme à son habitude, il nous déçoit rarement à ce niveau-là.
Petit bémol au niveau de ses lyrics qui varient très peu, il conserve la même tonalité peu importe le thème abordé. En effet, Meek est connu pour plus crier dans ses morceaux que rapper, c’était la Meek Touch qu’on appréciait fortement au début de sa carrière mais qui commence à être trop répétitive… Il n’a pas su exploiter son potentiel à son maximum. Meek reste dans sa zone de confort et prend très peu de risque sur ce projet qui n’est pas l’un de ses meilleurs mais reste tout de même bon. La pochette de la mixtape est un collage de documents de justice en arrière-plan avec en premier plan un mug-shot de Meek Mill arrêté à ses 18 ans, visage bandé et œil gonflé suite à une altercation avec la police (des officiers noirs d’après le rappeur).
Elle nous fait clairement comprendre le tournant que le projet va prendre, considérant la situation politique actuelle aux Etats-Unis avec tout ce qui concerne le #BlackLivesMatter, sa vie personnelle et son passé. D’ailleurs son interview chez Taxstone nous a clairement indiqué ce qu’allait être cette mixtape.
Mes coups de cœurs
1 – On the Regular: Meek n’échoue jamais quant au choix du premier morceau de ses projets. Il commence incroyablement avec On the Regular qui sample le célèbre O fortuna de Carl Orff. Les premières mesures servent de fil conducteur pour le reste du projet, Meek nous indique les sujets qu’il va aborder tout au long ; le sexe, l’alcool, la justice, les bijoux…« Stickin’ to the regular » (collé aux habitudes) comme il dit. Ce morceau est produit par Lex Luger, protégé de MP808. La prod combinée à la voix et au flow de Meek rend ce morceau plus que parfait pour bien commencer la mixtape.
2 – Litty (feat. Tory Lanez): C’est le son que tout le monde attendait, et je suis plus que satisfaite du travail effectué. Bien que Meek Mill ait assuré sur ce morceau, on peut tout de même admettre que Tory s’est approprié la prod de sound M.O.B et a juste tapé fort tout le long. C’est un 10/10 pour ma part, je savais que Tory était chaud mais au point de clairement écraser Meek sur son propre son NON. C’est ce qu’on appelle un son Banger sur lequel Tory ne se retient pas d’envoyer quelques piques à Drake, « I just counted up a Quentin Miller, A QM is a quarter Milli » (Je viens de compter un Quentin Miller, Un QM c’est un quart de millions) pendant que Meek lui s’occupe de Wale « N*ggas be broke and be starving, but still talking shit like they violent » (Ces négros sont fauchés et affamés, mais continuent de raconter de la merde comme si ils étaient violents). Bref les deux rappeurs se sentent à l’aise ensemble pour régler leurs comptes, ceci étant dit c’est bien mieux que de les régler sur Instagram ou twitter.
3 – Blue Notes: C’est le genre de morceau qui te rappel pourquoi tu kiffes Meek, il n’a jamais eu de mal à parler quand il s’agit de motiver les jeunes du ghetto et de les pousser à croire en leurs rêves. Le choix de sampler Snowy White – Midnight Blues fut excellent, entre la guitare blues et la voix old school de Snowy White, Meek a parfaitement réussit à combiner son flow hypnothique à une si belle et touchante composition. Un morceau où il s’exprime sur sa vie passée et présente, où il se livre à son public avec une touche émotionnelle. C’est le type de son que tu peux écouter chaque jour que Dieu fait. Bien joué Meek !
4 – Outro (feat. Lil snupe & French Montana): Le jour où j’ai découvert la mort de Lil Snupe, j’étais vraiment attristée car à tout juste 18 ans il avait plus de talent que certains rappeurs qui sont dans le game depuis des années. Pour la petite anecdote, Meek avait signé Lil Snupe 20 minutes après avoir écouté son projet 16 & Runnin’ en 2012. D’ailleurs si vous avez le temps je vous invite à regarder les battles de rap que Snupe faisait à l’époque accompagné de Meek Mill et TI. Meek lui rend en quelque sorte hommage sur cette mixtape en introduisant un de ses couplets sur l’Outro. Quel couplet d’ailleurs, bon choix de la part de Meek qui aurait même pu mettre ce son en intro mais quoi de mieux que de finir sur une bonne note. Meek se proclame Roi du rap, qu’on soit d’accord ou non, on peut tout de même affirmer que ce morceau est très bon. Meek nous offre un flow incroyable sur ce morceau qui suit parfaitement sur la prod de The BEAT BULLY, OZ et PAPAMITROU. C’est une sorte de remake de l’intro de l’album « Dreams and Nightmares » qui est l’une des meilleurs de l’histoire du rap. Il reprend la même lancé mais cette fois termine sur cela.
La mixtape DC4 est dans son ensemble plutôt pas mal, mis à part le couplet catastrophique de Nicki Minaj sur Froze (elle a besoin de Safaree, son ghostwritter!), je ne vois aucun réel problème musical, aucun faux pas n’a vraiment été fait. C’est le genre de travail que les partisans de Meek adorent, une sorte de première étape de son comeback. Il se contente donc ici, une fois de plus de satisfaire son public de base, mais ne prend aucun risque musical, ni au niveau du choix des beats et encore moins celui des featuring, pour toucher un public plus large. C’est vrai qu’après l’année qu’il vient de traverser, il avait besoin de quelque chose de sûr pour effectuer quelques pas en avant après de nombreux pas en arrières.
Son come back est clairement le thème principal abordé sur ce projet, Meek désire clairement prouver que sa place dans le rap game est toujours au top et qu’il peut se confronter à qui bon semble lui tenir tête. Bien qu’il ait encore du travail à effectuer avant de faire l’unanimité, j’applaudis tout de même cette mixtape qui ne me déçoit pas mais qui manque de nouveauté de la part du rappeur. En tout cas, des rumeurs circulent sur un probable DC4.5 qui devrait sortir très prochainement, et qui est peut-être le projet sur lequel un nouveau Meek apparaitra…