Pourquoi des mères au foyer quarantenaire adeptes de leggings mi-mollet et d’après-midi gâteaux avec les enfants ne pourraient elles pas connaître les joies du rap ? Pourquoi Cindy, 10 ans ne goûterai pas, elle aussi, a la prose urbaine sur beats nerveux ?
Après tout, elle aussi, a le droit a sa street credibility lorsqu’elle traverse sans regarder si le bonhomme est bien passé au vert, trop absorbée, envoûtée, par la verve magistrale du Maitre Gims. Il lui raconte l’amour via une rencontre inopinée avec l’âme sœur dans Bella, lui décrit les embûches rencontrées au détour de sa vie dans Changer et lui permet de conclure avec son amoureux Lucas lors d’une boume endiablée avec Sapés comme jamais, véritable critique de la consommation chronique et du capitalisme notamment via le désormais célèbre « Loulou et Boutin ». Gims accompagne ainsi la populasse hors des sentiers battus, loin des Laurent Souchon, Alain Voulzy ou autre Johnny Obispo. Il insuffle un nouveau souffle a cette variété Française vieillissante et renouvelle ainsi les playlist redondantes de nos campings préférés. Sa fougue d’ancien voyou et sa douceur d’homme mature charmeront plus d’un auditeur et ne faites pas attention aux diverses accusations passées concernant l’homophobie ou la misogynie, n’oubliez pas que le rap est d’après la cour de cassation Française « par nature un mode d’expression brutal, provocateur, vulgaire, voire violent puisqu’il se veut le reflet d’une génération désabusée et révoltée ».
Mais rassurez-vous, le passé de voyou de notre Gims n’affecte plus en aucun cas ses chefs d’œuvres textuels ni aucun de ceux de sa camaraderie portant anciennement un nom aussi connoté que maladroitement choisi. Le refus d’acceptation de la société et la fougue juvénile leurs sont passés, se différenciant donc des autres rappeurs par leur maturité soulignée par la tranche d’age de leur public et laissant ainsi place a des artistes aussi lisses que leurs CD-Rom. Vous n’aurez aucun mal a placer une ou deux punchline de ses derniers au détour d’un dîner de famille, passant ainsi pour un modèle de sagesse a coté de votre oncle alcoolisé citant Dieudonné et Alain Soral. Marre de vous ennuyer dans les transports en commun, de lire votre Marc Lévy du mois, mais pas l’envie ni le courage de se lancer dans une réflexion ou dans un choix musical pointu ? Ecouter Mon cœur avait raison égaiera votre journée et vous fera passer le temps, tel est le but premier de la Variété: de la musique pour ceux qui n’en écoutent pas.