Vendredi prochain, Young Thug dévoilera son véritable premier album studio, qu’on sait d’ores et déjà intitulé So Much Fun. Malgré une carrière prolifique et étalée sur plus de huit ans, le rappeur d’Atlanta n’avait en effet jamais franchi le pas… Jusqu’à cette semaine ! Pour autant, Thugger n’en aura pas eu besoin pour marquer le rap au fer rouge : sa diction singulière, sa voix polymorphe capable de se tapir dans l’ombre avant de la fendre par des aigus cinglants et tranchants ou encore sa décomplexion totale lui permettant tous les excès musicaux sont autant de leviers grâce auxquels il est rentré dans la légende du genre. Alors que Young Thug s’apprête — du moins on l’espère — à connaître le succès commercial qu’il mérite depuis des années, REVRSE a réalisé un classement des 23 projets qui constituent sa large discographie à l’intention des néophytes, mais également des auditeurs nostalgiques…
23 – Bankroll Mafia
Le nom de cette compilation est issu de celui du collectif fondé par T.I, Young Thug et Shad Da God. A l’époque très proches, ces artistes ont multiplié les collaborations sur des singles et ont souhaité pousser plus loin leur émulsion créative. Ainsi, ils se sont entourés de quelques jeunes pousses prometteuses d’Atlanta (Lil Yachty, 21 Savage, Lil Duke, Peewee Roscoe, London Jae) ainsi que de têtes d’affiche (Quavo, Offset) pour signer ensemble la compilation Bankroll Mafia en 2016. Young Thug apparaît sur six des dix-sept titres du projet dont Hyenas, celui qui a le plus résonné sur la scène rap. Si l’opus est largement oubliable, il aura eu le mérite de dévoiler une partie de la scène d’Atlanta.
22 – Hear No Evil
Long de trois pistes, ce projet sorti en 2018 inclut un titre réalisé en hommage au frère de Young Thug atteint de surdité. C’est d’ailleurs ce dernier qui est représenté sur la pochette. Le projet le plus court de la carrière de Young Thug (trois titres) est probablement l’un de ses moins intéressants. Malgré un casting cinq étoiles (Nicki Minaj, Lil Uzi Vert et 21 Savage), il n’a fait quasiment aucun bruit sur la scène rap. Si la qualité de la musique n’a pas joué en sa faveur, reste que Now, le featuring avec 21, est de loin la meilleure piste du projet.
21 – Young Martha
Sur le papier, la collaboration entre Young Thug et DJ Carnage était en tout point intrigante. Si elle avait le potentiel pour générer des flammes, il s’agit sans doute d’une des plus grosses déceptions de la discographie du nouvel ATLien. En effet, court de quatre titres, ce projet ne fournit aucun highlight mémorable et s’est avéré oubliable quelques heures après sa sortie. Il vaut probablement une écoute : le featuring avec Meek Mill est l’occasion d’être témoin de la voix polymorphe de Young Thug. Toutefois, hormis ce titre et Liger, rien n’est assez intéressant pour être réécouté. Si ce coup d’épée dans l’eau n’est pas le seul de sa carrière, Young Thug nous a toutefois délivré de nombreux bijoux qui seront dévoilés au fil de ce classement.
20 – 1017 Thug 3: The Finale
Après avoir tenté l’aventure du côté de chez Gucci Mane en signant chez 1017 Records, Young Thug souhaite aller explorer d’autres horizons. Pour ce faire, il doit aller au bout de son contrat. L’ingénieur son de son mentor s’est donc plongé dans les disques durs du jeune rappeur afin de monter de toutes pièces cette mixtape, 1017 Thug 3, qui a libéré Thugger de son contrat. De ce fait, le projet a des allures de fourre-tout. Néanmoins, il est assez évocateur d’une époque artistique de Young Thug aujourd’hui révolue : dans cet opus, la trap pure et dure est son fer de lance principal. Accompagné de ses collaborateurs d’antan, il a signé un projet correct mais très peu intéressant.
19 – I Came From Nothing 3
Cette mixtape brouillonne est le dernier volet de la trilogie fondatrice de la discographie de Young Thug. A travers pas moins de vingt-deux titres, le rappeur montre de plus en plus sa facilité à changer ses flows et sa voix, on se rapproche de plus en plus du Thugger que l’on connaît aujourd’hui… Mais on retrouve encore le côté brut du format : certains morceaux sont mal mixés et certaines instrus ont très mal vieilli avec le temps. Il tente encore de libérer tout son potentiel artistique en réalisant de nouvelles prises de risque, par exemple en effectuant des refrains chantés sur certaines collaborations. Ce que l’on peut retenir de cette trilogie dont ce volume est — à notre sens — le moins bon est que Young Thug a pris le temps de se forger avant de devenir un des grands influenceurs d’Atlanta. Il aura fallu attendre la sortie d’une multiplicité de projets avant que le rappeur trouve son identité musicale actuelle. Sur ce projet, s’attarder sur les morceaux Ok Cool, Admit It et Natura est toutefois plus que bienvenu.
18 – 1017 Thug 2
A l’instar de l’opus suivant, 1017 Thug 2 n’a de mixtape que le nom. Il est en réalité une compilation de morceaux mise sur pied par l’ingénieur du son de Gucci Mane afin de libérer Young Thug de son contrat avec le label 1017 Records. A sa sortie, le projet arborait une pochette sur laquelle le visage de Thugger avait été photoshoppé sur le corps de Wiz Khalifa, ce qui avait provoqué un tollé dans le rang de ses fans et l’hilarité des avertis sur le net. Sorti en 2014 et long de dix titres, l’opus n’a rien d’un indispensable de sa discographie. Se replonger dedans est toutefois conseillé aux nostalgiques de la trap crasseuse du début des années 2010 : des titres comme Let Up ou Take It sont de charnues madeleines de Proust. De plus, 1017 Thug 2 est l’occasion d’entendre un couplet de l’époque dorée de Quavo, avant qu’il ne mue en Travis Scott du pauvre.
17- Black Portland
Cette mixtape collaborative avec le rappeur Bloody Jay est sûrement l’un des projets les plus clivants de la discographie de Thugger. Cela s’explique notamment par les prises de risques qui peuvent paraître déstabilisantes au premier abord. Pourtant, l’opus comporte un des premiers morceaux qui révèle Young Thug au monde : il s’agit du banger 2 Bitches, plus connu sous le nom de Danny Glover. Si la qualité du projet laisse clairement à désirer, Black Portland reste une étape importante dans le processus créatif de Young Thug. Ce laboratoire aux voix parfois très mal mixées lui a permis de tâtonner aux côtés de Bloody Jay avant de mieux faire mouche par la suite. Sur ce projet, il s’empare de sonorités encore inédites dans sa carrière et, malgré une alchimie très discutable avec son homologue, quelques titres sont à sauver : Paranoia, Sucks Me Up ou encore No Fucks. Sorti aux balbutiements de l’année 2014, ce projet a été la première pierre d’un édifice de toute beauté qui a changé à jamais la face du rap.
16 – I Came From Nothing
C’est avec ce projet que tout a commencé pour le jeune Thugger, aujourd’hui devenu grand. En juin 2011, il met en ligne sa première mixtape, I Came From Nothing, sur le site DatPiff. Personne, pas même lui, ne sait à ce moment qu’il va bouleverser la scène rap d’Atlanta et imposer son style à la prochaine génération de rappeurs. A cette époque, Young Thug se cherche encore : influencé largement par Lil Wayne, il délivre avec ce premier projet un essai correct dans lequel il n’a pas encore conscience du potentiel de sa voix. Il la dénigre au profit d’une musique stéréotypée, ce qui ne l’empêche pas de délivrer quelques morceaux intéressants : We Are, Spartan ou encore Jungle méritent une écoute, rien que pour constater à quel point Young Thug a évolué.
15 – The Purple Album
En 2014, Gucci Mane a fait montre d’une productivité tout simplement incroyable. Incarcéré pour les trois prochaines années, il a signé pas moins de douze projets cette année-là. Parmi ses nombreuses sorties, deux opus communs avec Young Thug dont celui-ci, The Purple Album. Vendu comme un projet en collaboration, Guwop n’apparaît que sur deux des douze titres de l’opus : See You Later et le très bon Panoramic Roof produit par Zaytoven. Dans ce joyeux bordel, quelques morceaux de qualité s’élèvent au-dessus de la masse : Wait Your Turn, Geeked Up ou encore Donald Trump, artefacts d’une autre époque de Young Thug, méritent largement qu’on y jette une oreille cinq ans plus tard. De plus, les fans les plus récents pourront découvrir les talents de trappeurs de Yung L.A et de MPA Wicced, tous les deux aujourd’hui portés disparus de l’horizon du rap game.
14 – Young Thugga Mane La Flare
Il est ici question du deuxième projet commun entre Young Thug et son mentor de l’époque, Gucci Mane. Comme The Purple Album, Young Thugga La Flare a fait son apparition sur les plateformes de mixtapes en 2014 : Gucci Mane croupissait en prison alors que son équipe multipliait les sorties musicales en son nom. Légèrement meilleur que l’autre, cette sortie commune souffre moins de l’absence de Guwop : ce dernier est présent sur la quasi totalité des treize titres qui composent la mixtape. Malgré l’allure très bordélique du projet, y jeter une oreille permet de replonger dans une autre ère de la trap et de mettre la main sur quelque pépites : outre le featuring avec Peewee Longway, Bricks, OMG ou encore Don’t Look At Me valent le détour.
13 – Slime Language
Avec Slime Language, le public rap pensait voir atterrir sur les plateformes de streaming le tant attendu premier album studio de Young Thug. Malheureusement, le rappeur a fait faux bond : à la place, il a proposé une compilation qui rassemble des morceaux sur lesquels il pose avec les jeunes artistes de son label, YSL Records. Sur les quinze morceaux qui le composent, seuls deux sont des solos. La pochette arbore la mention Young Slime Life en langage des signes, toujours en hommage à son frère atteint de surdité. Pas vraiment en forme olympique, il délivre toutefois quelques couplets de bonne facture tout au long d’un projet qui s’écoute très facilement. Le projet manque toutefois clairement d’identité. Le seul highlight à mentionner est sans doute Chanel (Go Get It) en featuring avec ses poulains Gunna et Lil Baby. Deux mois plus tard, les deux derniers feront un carton ensemble avec leur album commun Drip Harder. Young Thug avait raison…
12 – On The Rvn
Rappelez-vous : en 2018, Young Thug avait promis de ne pas publier de musique durant un an en hommage à son frère atteint de surdité. Cet EP, paru en septembre de cette année, a donc été son troisième projet de l’année… En plus d’avoir brisé sa promesse, le rappeur s’est montré quelque peu décevant. Toutefois, avec On The Rvn, il a somme toute retrouvé un peu de jus. Moins fade qu’à l’accoutumée, il s’est autorisé l’un des meilleurs titres R’n’B de l’année avec son compère tout droit venu de la Zone 6 d’Atlanta, 6LACK. Toutefois, le highlight principal de ce projet de six titres est bien évidemment la reprise de Rocket Man d’Elton John, High, validée par l’interprète en personne. Quand les aliens de la musique se rencontrent, la musique fait immédiatement mouche. Vivement un Young Thug x Jul.
11 – I Came From Nothing 2
Aux portes du top 10, les racines de Young Thug font surface. Sorti en 2011, ce deuxième projet fondateur de la discographie de Thugger est un mélange entre des prises de risque et un certain traditionalisme que l’on pouvait déjà constater sur le premier volet. De plus, il marque clairement une évolution par rapport au précédent, sans pour autant que le son que Young Thug distribuait à l’époque ne se rapproche de ce qu’il produit aujourd’hui. Pour son deuxième jet, il n’a pas lésiné sur la quantité puisqu’il a offert vingt-trois morceaux et énormément d’invités. Ces derniers montrent bien à quel point Young Thug a rapidement pris du poids sur la scène d’Atlanta de l’époque : on peut retrouver la légende Shawty Lo, Ca$h Out ou encore Future. D’un point artistique, on sent Young Thug déjà un peu plus libéré qu’à ses débuts. En effet, il s’autorise de nombreux égarements dans les aigus et il s’essaye au chant pour certains refrains. Pétri de bonnes idées (venues de l’influence majeure de Lil Wayne), I Came From Nothing 2 est la preuve qu’à l’époque, Young Thug est un diamant brut qui se polit petit à petit. Les morceaux que l’on pourrait retenir de ce projet sont My Everything, Ooooorr et Keep Going.
10 – Beautiful Thugger Girls
Sans aucun doute, Young Thug est un des artistes les plus déroutants de son ère. Alors qu’il a abreuvé son public de nombreux projets, son premier véritable album se fait encore attendre. En 2017, alors que son public pensait que le rap album tant promotionné par le rappeur allait voir le jour, c’est une toute autre direction qu’il a empruntée avec Beautiful Thugger Girls. Doté d’une voix hors normes, il s’en est servi pour délivrer un opus vendu comme un singing album. Tantôt romantique, mélancolique, licencieux, Young Thug montre à tous les chanteurs de R’n’B qu’ils ont du souci à se faire. S’il a bénéficié d’un accueil mitigé, l’album renferme une des meilleures collaborations entre Thugger et Future – Relationship – et quelques ballades à la guitare qui laissent songeur alors que deux ans plus tard, le country rap est au sommet de l’industrie. En outre, ce projet a été un catalyseur important pour Atlanta : Gunna, Lil Keed ou encore Lil Gotit, tous affiliés à Young Thug, délivrent aujourd’hui une musique qui s’inscrit complètement dans la direction artistique de Beautiful Thugger Girls.
9 – I’m Up
Après avoir brillé en 2015 grâce à plusieurs projets qui ont marqué à jamais son ère (voir plus haut dans le classement), Young Thug ne s’est pas offert la moindre pause. En 2016, sur le pied de guerre, il envoie très tôt le court projet I’m Up. Long de neuf titres, il est avant tout une ode à son entourage. En effet, sur des titres comme My Boys, Family en featuring avec deux de ses soeurs ou encore l’exceptionnel For My People, le rappeur n’oublie pas les siens malgré le succès. Mieux, il s’autorise une introduction en hommage à Boosie Badazz, le fameux rappeur originaire de Louisiane à l’époque atteint d’un cancer. Pétri de productions mélodieuses, I’m Up est l’occasion pour Thugger de s’adonner au chant de manière énergique mais aussi voluptueuse. Il n’en oublie pas les fans de rap dur avec Special, produit par Mike Will Made It. En somme, cette mixtape est une capsule musicale variée et d’un très bon niveau.
8 – 1017 Thug
Avant de briller sur le marché du mainstream, Young Thug avait déjà délivré quelques bijoux de projets à son public. En 2013, le jeune rappeur est repéré par le plus iconique des rappeurs d’Atlanta : Gucci Mane. Sans même avoir écouté un de ses morceaux, il le signe sur son label 1017. En studio, Thugger embrasse la trap comme peu de ses homologues ont pu le faire à un tel niveau sur la mixtape 1017 Thug, l’un des opus les plus crasseux de sa carrière. Assisté par Gucci Mane, Peewee Longway ou encore Young Scooter, il brille par sa voix captivante, par ses flows multiples et déroutants. Sur 2 Cups Stuffed, il délivre une énergie quasiment sans pareille dans sa discographie. Picacho est un échantillon du développement de sa folie alors que des titres comme Murder, Nigeria ou Condo Music replongent dans une autre époque de la trap.
7 – Jeffery
Cette année 2016 a été une grande année pour le rappeur : il a choisi de la ponctuer en grande pompe avec un de ses projets les plus plébiscités, Jeffery, son vrai prénom. Il a connu une large exposition, notamment grâce au buzz de la pochette sur laquelle on le voit porter une longue robe designée par l’italien Alessandro Trincone. En plus de pousser son androgynie à son paroxysme, il a également mis à contribution ses talents de polymorphe. En effet, Jeffery est articulé autour d’un concept simple : chaque morceau porte le nom de l’une de ses idoles, à qui il emprunte le style ou la personnalité le temps d’un titre. Future, Kanye West, Wyclef Jean, Rihanna ou encore Harambe (!) sont mis à l’honneur dans ce court projet allongé à dix titres par un morceau bonus qui a fait danser de nombreuses foules dans les clubs, Pick up the phone. Outre le casting de gala, Floyd Mayweather est la première apparition de Gunna face à un public aussi large. A l’époque moqué pour son relatif anonymat, la donne a bien changé trois ans plus tard… Young Thug avait encore raison.
6 – Slime Season 3
Parmi les plus grandes œuvres de Young Thug figure sa série de mixtapes Slime Season. En sixième position, il est question du dernier opus de cette trilogie. Paru en 2016 à une époque d’hyper-productivité, il a la particularité d’être très court : il ne comporte que huit titres. Alors que Thugger avait habitué sa fanbase à s’étaler, il a fait le choix d’être une nouvelle fois concis après I’m Up. Le format court deviendra par la suite une référence dans la discographie de Young Thug. Toutefois, huit titres sont largement suffisants pour que le nouvel ATLien déploie tout son talent : il délivre avec force dès l’introduction avec With Them avant de monter en puissance tout au long du projet. Digits est une véritable déflagration atténuée par les vagues d’amour que Young Thug adresse à sa belle sur le morceau mielleux Worth It.
5 – Rich Gang Tha Tour: Part 1
Pour ouvrir le top 5, voici un opus pas si populaire de la discographie de Thugger. Ce projet, paru en 2014, réunit les deux stars montantes d’Atlanta de l’époque, Young Thug et Rich Homie Quan, le tout sous la houlette de l’omnipotent Birdman. Cette fusion imprenable est véritablement née avec le titre Lifestyle, un hit de l’année 2014 qui a tant conquis que le public s’est fait insistant : Thugger et Quan devaient s’unir sur un projet. Ensemble, ils ont accompli la prophétie en additionnant leurs talents fous respectifs à travers le groupe Rich Gang et un unique projet, Rich Gang Tha Tour: Part 1. Ce daguerréotype du tandem le plus incandescent des années 2010 prouve à quel points les deux rappeurs étaient complémentaires. L’émulation palpable se ressent sur chaque titre où ils posent ensemble mais ne s’évapore pas pour autant lorsque vient le temps des morceaux solos, où les deux rappeurs rivalisent d’ingéniosité pour trouver de nouvelles mélodies. Les morceaux en collaboration comme Tell Em (Lies), Beat It Up ou Bullet et les morceaux solo comme 730, Everything I Got, sont la colonne vertébrale d’une mixtape signée d’un duo excitant qui s’est hissé bien au-delà des attentes.
4 – SUPER SLIMEY
Les fans de Young Thug vont grincer des dents en découvrant ce projet aussi près de la première place. Toutefois, SUPER SLIMEY, projet commun entre les jumeaux autoproclamés que sont Thugger et Future, n’a pas connu le succès d’estime qu’il méritait. Sans doute, il a souffert des attentes très élevées – parfois proches du fantasme – des fans des rappeurs d’Atlanta. Ainsi, à sa sortie, il a eu l’effet d’un pétard mouillé. Néanmoins, avec du recul, cette mixtape collaborative ne fait que prendre de la valeur. L’introduction, No Cap, est une véritable feu qui annonce une fournaise criblée de highlights que sont Three, All da Smoke ou encore Patek Water. Thugger peut toutefois regretter d’avoir été en dessous de Future, et ce malgré un très bon titre en solo, Killed Before.
3 – Slime Season 2
Le podium s’ouvre avec Slime Season 2, l’une des mixtapes issue du magnifique run que Young Thug a effectué entre 2015 et 2016. Parmi les nombreux projets sortis durant cette période dorée qui, pour la majorité, marqueront durablement la discographie du rappeur et plus largement le rap, celui que l’on surnomme SS2 est l’un des plus réussis. La mixtape comporte vingt-deux titres pour quasiment autant de directions artistiques différentes. Elle est un laboratoire dans lequel Thugger est une simple marionnette de sa spontanéité, de sa créativité venue d’ailleurs. Lil Uzi Vert ouvre le projet sur Big Racks avant que Young Thug ne prenne les rênes pour près d’une heure et demi de folie. A aucun moment il ne laisse de répit aux instrumentales et aux auditeurs : sa voix polymorphe occupe tout l’espace. Il s’aventure bien plus loin que les sentiers battus de la trap, en témoignent les titres She Notice ou Never Made Love, où il reforme son duo de légende avec Rich Homie Quan.
2 – Slime Season
En deuxième position, on retrouve le premier volet d’une des séries de mixtapes les plus emblématiques des années 2010. Alors que Young Thug a souffert d’une énorme fuite de plus de 200 morceaux, il a choisi d’exploiter malgré tout les fruits de son travail acharné en studio en recyclant certains titres. Parallèlement, en 2015, DatPiff vivait ses dernières heures de gloire. Young Thug les a magnifiées avec Slime Season, un projet dans lequel son talent est alors plus palpable que jamais. Sur l’introduction, Take Kare, il s’autorise un featuring avec son idole Lil Wayne avant de lui montrer à travers les dix-sept titres suivants que lui aussi deviendra très grand. Parmi eux, deux ont contribué à son explosion à la face du rap américain : Best Friend et Power. Toutefois, se focaliser sur les hits serait une négligence regrettable. Slime Season premier du nom n’est pas dauphin pour rien : chaque titre est d’une rare qualité.
1 – Barter 6
Le numéro 1… Bien plus qu’un énième opus, il s’agit de la pierre angulaire de la longue discographie de Young Thug, d’un disque dans lequel il a su cristalliser l’essence de son talent. Avec Barter 6, publié en 2015, (en écho à la série d’albums The Carter de Lil Wayne, que le rappeur a voulu saboter), le rappeur s’exhibe avec une maîtrise de son art encore inédite dans sa carrière. Il place la barre très haut d’entrée de jeu avec Constantly Hating, un morceau dans lequel Birdman n’est qu’un simple spectateur de la technique folle de son poulain. Plus loin, l’opus dévoilé des hits importants comme With That ou Check ainsi que de multiples perles (Never Had It, Dome). Bangers et titres vaporeux s’enchaînent dans un moment de grâce unique. Vendu comme une mixtape, sa qualité rare pousse une partie du public à la considérer comme le premier album du rappeur. Et le plus abouti de tous ses projets.
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