Nouveau facteur de croissance pour l’industrie de la musique enregistrée, le streaming est loin d’être un modèle de consommation parfaitement régulé. Alors qu’en France, syndicats d’artistes et unions de producteurs de musique sont secoués par de houleux débats sur une Garantie de Rémunération minimale pour la lecture d’un morceau en streaming, ces acteurs dans leur ensemble voient leurs revenus parasités par un facteur externe : le value gap. Placé au centre des débats lors du Midem 2017 (grand rendez-vous annuel des acteurs du monde de la musique enregistrée), le value gap constitue pour les producteurs et les artistes un manque à gagner considérable. En résumé, le value gap est la différence de rémunération entre les plateformes de streaming audio et vidéo. On estime qu’en 2016, un stream sur YouTube rapporte 54 fois moins que le stream d’un abonné payant d’un service de streaming audio. Cet écart significatif explique qu’avec 900 millions d’utilisateurs, les services de streaming vidéo rapportent trois fois moins de revenus à l’échelle mondiale que le streaming audio, qui pourtant ne revendique que 68 millions d’abonnés payants (634 millions de dollars contre 2000 millions de dollars)… Le value gap a servi d’électrochoc à certains députés européens comme Jean-Marie Cavada, qui proposent de militer pour un cadre législatif commun pour le streaming, et notamment pour le streaming vidéo…