Année après année, les préoccupations liées à l’écologie sont de plus en plus présentes dans l’actualité, entre la clôture de plus en plus proche de la session de négociations de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, les tensions à Notre-Dame des Landes ou encore la menace de plus en plus concrète d’extinction des abeilles sur le continent européen. Si l’industrie de la musique est loin de figurer parmi les plus polluantes, elle représente malgré tout plusieurs centaines de milliers de tonnes de gaz à effet de serre par an, et le numérique sous plusieurs formes pourrait bien corriger son empreinte écologique. En effet, en 2017, le numérique (streaming payant, streaming financé par la publicité, téléchargement et téléphonie mobile) représentait 48,8% des revenus du marché de la musique enregistrée en France (SNEP) et 54,3% dans le monde (IFPI). Cette transformation extrêmement rapide de la structure du marché et donc de la manière de consommer la musique produit évidemment des effets au niveau environnemental, mais est loin d’apporter une réponse à tous les niveaux.
La bonne nouvelle, c’est que le numérique impacte positivement l’empreinte écologique de la consommation musicale à proprement parler. Plus de 50% du dioxyde de carbone rejeté lors de la production et de la consommation d’un CD est en effet rejeté au cours du transport de ce dernier après l’achat d’après des chiffres établis par Intel. Là où le CD rejette de la production à l’acheminement plus de 3.000 grammes de dioxyde, le numérique n’en rejette même pas 500, c’est-à-dire que l’impact de la consommation musicale en matière de production de gaz à effet de serre est divisée par 6 selon le support employé. On pourrait objecter que, contrairement au physique, le numérique accroit considérablement l’usage d’appareils nomades et en particuliers de smartphones dont la recharge est très consommatrice en énergie et donc très polluante, et ce d’autant plus dans le cas du streaming financé par la publicité puisqu’il nécessite une connexion permanente aux réseaux de données mobiles. Pour autant, des solutions existent pour remédier au moins partiellement à ce problème, et Spotify a récemment annoncé qu’il mettrait en place une option permettant aux utilisateurs de réduire de 75% leur consommation de données mobiles.
L’aspect le plus important du problème est pour autant loin d’être résolu, en effet en 2010 le Guardian Environment Network estimait que 75% des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie musicale britannique provenaient des performances live. Au-delà des émissions, c’est le volume de déchets produits par ces évènements qui en ferait « la deuxième industrie la plus sale au monde » derrière la construction. En 2015, le Bonnaroo Music and Arts Festival avait produit 680 tonnes de déchets en l’espace de 4 jours, soit, rapporté à l’échelle individuelle par rapport à un public de 90.000 spectateurs, le double de la consommation quotidienne d’un américain moyen. Afin de lutter contre cet état de faits, la startup Open House a développé un programme destiné à réduire la production de dioxyde de carbone des organisateurs et notamment à prendre le pas des traditionnels générateurs au diesel. D’autres solutions existent, et l’une d’elles pourrait bien venir des récents développements de la réalité virtuelle en la matière. Pour autant, le pas est loin d’être franchis et contrairement à la production musicale enregistrée, le live musical doit encore être remodelé de fond en comble pour engranger une différence notable…