Légende du Sud, pionnier de la « lean culture », artiste dans l’âme… Quand il s’éteint à l’âge de 33 ans le 14 octobre 2007, Big Moe laisse derrière lui un immense héritage musical qui aura bercé la scène underground de Houston pendant des années avant de gagner Atlanta, Memphis, puis le mainstream des années 2010. Bercé aux classiques du rock et aux chants religieux, la création devient rapidement une composante majeure de sa vie. Avec DJ Screw, il invente le son de sa ville sur les légendaires Screw Tapes et fonde le collectif Screwed Up Click dans les années 1990 avant de signer au détour de la décennie au sein du label local Wreckshop Records. Il y dévoile son premier album studio : City of Syrup. En l’espace de 19 titres parsemés de moments de vie, Big Moe trace les grandes lignes d’un univers unique, tant du point de vue graphique que du point de vue sonore. Car au détour d’un couplet rappé avec puissance, la légende d’Houston n’hésite pas à pousser la chansonnette et à utiliser les mélodies qui foisonnent naturellement dans son esprit. Prodige à l’énergie positive débordante, Big Moe crée avec City of Syrup un classique méconnu de la musique moderne…
City of Syrup, quand le mainstream découvre la lean culture d’Houston
Tenant à la main son proverbial gobelet de lean, ce mélange de soda et de sirop codéiné qui n’allait pas tarder à envahir l’ensemble des scènes du Sud des États-Unis, Big Moe abreuve les rues d’Houston du liquide mauve qui n’allait jamais plus vraiment les quitter. Après avoir posé avec DJ Screw les fondements de la « lean culture » pour les années à venir, le rappeur entreprend de les retranscrire dans le mainstream avec un album à la couleur bien identifiée. Conçu en trois semaines et demi à peine, City of Syrup s’impose rapidement comme l’un des classiques d’une scène ultra-créative qui commence à gagner en visibilité à l’échelle nationale. On y retrouve une bonne partie du collectif Screwed Up Click, d’E.S.G. à Big Pokey en passant par Lil’ O, mais aussi Z-Ro qui se constituera par la suite l’une des discographie les plus fournies de l’histoire du rap. Ne vous laissez pas abuser par le banger Maan!, conçu en réponse au Whoa! new-yorkais de Black Rob : City of Syrup est un trésor de musicalité, Big Moe étant l’un des premiers rappeurs à chanter sur ses propres refrains outre-Atlantique… Et dont on ressentira de nouveau l’influence, deux décennies plus tard, sur le blockbuster Astroworld.