Si le vécu et la street-cred ont longtemps été les maîtres-mots lorsqu’on parle de la légitimité d’un rappeur, ceux qui vont être cités honorent à merveille ces deux notions. Peines de prisons, situations familiales compliquées ou encore cheminement vers la foi, sont autant d’éléments qui rendent leurs parcours exceptionnels.
1) 50 Cent
Le rappeur du Queens, s’est fait connaître dans la scène hip-hop par ses multiples clashs. Si cet état de fait lui a souvent été reproché, ce n’est finalement qu’à limage de sa vie, ou rien ne lui a été offert, et ou il a dû se débrouiller très jeune. Sa mère, qui était dans le trafic d’ecstasy l’a mis au monde alors qu’elle n’avait que 14 ans. 13 ans durant, sa mère l’éleva dans des conditions précaires avant qu’elle ne trouve la mort, empoisonnée dans un bar. Il emménage alors chez ses grands-parents et se lance dans la vente de drogues, notamment de cocaïne. Il se fait arrêter à de multiples reprises, pour possession d’armes à feu dans un lycée, vente de cocaïne à un policier sous couverture et enfin pour possession d’armes et de narcotiques, suite à une fouille de son domicile. Ce n’est qu’en 1998 après avoir purgé une peine de 7 mois dans un camp de redressement, qu’il se consacre pleinement au rap avec la réussite qu’on lui connaît. Après un Power of The Dollar, dont la sortie prévue pour 2000 a finalement été annulée, Une compilation sortie en 2002 (Guess Who’s Back), il sort enfin son album référence, Get Rich or Die Tryin’ en 2003. Porté par des singles forts tels que In Da Club, P.I.M.P et Many Men, cet album se hisse comme un des classiques du rap américain, dont certains morceaux se montrent intemporels. Il fera ensuite prospérer sa carrière de rappeurs en sortant 4 albums depuis, et en faisant sa place le cinéma et la télévision. Le film Get Rich or Die Triyin’, sorti en 2005, sera son 8 Miles ainsi que son premier contact avec le 7ème art. Il apparaîtra par la suite dans plus de 20 films, et sera producteur exécutif et acteur principal de Power, série télévisée dont la diffusion a commencée en 2014.
Son parcours est riche en enseignements, montrant que le succès est possible pour les moins favorisés !
2) Mc Jean Gab’1
Si certains rappeurs ont vu leurs streed credibility remise en cause, ce n’est évidemment pas le cas de MC Jean Gab’1. Né le 28 janvier 1967, il passe les premières années de sa vie à Paris, dans le 15ème arrondissement. Sa vie prend un tournant dramatique, alors qu’il n’avait même pas dix ans, lorsque l’ex-mari de sa mère décide de l’abattre. Il se retrouve orphelin, sans repère, et sera alors confié à la DDASS, en Savoie. Il retourne à Paris à 17 ans, pour faire de l’argent de manère illégale. Entrant dans le gang des Requins vicieux, il se mit à dépouiller les passants, et organiser la vente des objets volés. A 18 ans, il purge une peine de 15 mois, et décide de partir en Allemagne dans la foulée. Il continua ses activités illégales, passa 5 ans en prison, avant de revenir à Paris à la suite de la chute du mur de Berlin, armé et enrichi. Ce n’est qu’après cette carrière dans le banditisme que Gab1 s’est enfin lancé dans le rap en 1998 à l’âge de 30 ans. Il sort alors l’album Ma vie en 2003, introspectif, dans lequel figure « J’T’Emmerde », clash envers les rappeurs les plus en vues de l’époque, tels que Booba, Kery James. En effet, agacé par l’attitude gangster de Booba qui tient selon lui de la posture, il le critique sans prendre de gants, en mettant en opposition leurs passés qui n’ont rien de comparable. Il critique également Kery James, en raison de sa propension à parler de religion après sa conversion à l’islam, qui n’aurait pas sa place dans le rap mais dans la sphère privée. Il touchera au cinéma, ou son passé lui permet de jouer à la perfection le rôle du gangster, mais également à la littérature, ou il se livre encore plus. S’il ne s’est pas imposé comme une légende du rap français, il en fut néanmoins une figure importante, dont l’histoire et son arrivée fracassante avec « J’T’emmerde » en feront un personnage unique dans le paysage du rap français.
3) Fabe
Fabe était un membre de la Scred Connexion, un des collectifs les plus marquants des années 1990, et ayant influencé de nombreux rappeurs jusqu’à aujourd’hui. Ce rappeur d’origine martiniquaise, a débuté sa carrière en 1991 et se fait remarquer par des apparitions dans des compilations, notamment grâce à son titre « Faites-vous la guerre, je fais mes affaires » sur la compilation de Yellowstone production. En 1994, sort son premier album Befa surprend ses frères puis l’EP Doucement mais sûrement et enfin l’album Le fond et la forme en 1997. De ces différents projets, en ressortent plusieurs sons qui seront considérés comme des classiques du rap français comme « Lettre au Président » et « Ca fait partie de mon passé ». Cette montée en puissance lui permettra d’être invité sur L’école du Micro d’Argent d’IAM. Il sera au centre d’un clash avec le duo Lunatic composé de Booba et ALI en raison de la phrase suivante : « le hip-hop est plein de gangsters en toc, qui vivent dans des pavillons, nous prennent pour des couillons, parlent de crimes mais ne tuent que des papillons, parlent de la rue mais ne connaissent que ses stations de métro ». Booba finira par y répondre sur le morceau La Lettre (« Je suis tombé si bas, que pour en parler faudrait que je me fasse mal au dos Putain quelle rime de bâtard !« ). En 1998 sort le projet Détournement de son, qui sera considéré par ses fans comme son meilleur projet. Fabe décide en 2000 de sortir de la scène rap par la grande porte grâce au projet La rage de dire. Il finira par se retirer après s’être converti à l’islam. Après une dizaine d’années d’anonymat, il livre enfin au fil d’une interview, qu’il s’est marié, et effectué des études islamiques.
En observant le parcours de ces 3 rappeurs, nous observons que chacun a franchi des étapes différentes, que leur passé a permis à chacun de se forger une image unique dans le paysage du rap français et américain et qu’ils ont trouvé leur voie par des biais divers.