Le 28 février dernier, la société Spotify Technology SA a ouvert un dossier à la bourse de Wall Street (NYSE), la plus importante par la valeur sur le marché des sociétés qui y sont inscrites, pour une cotation directe réalisée dans la journée du 3 mars.
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Contrairement à une introduction en bourse conventionnelle (IPO), une cotation directe permet de ne pas faire appel à des souscripteurs (banques d’investissement) qui réalisent la levée de fonds moyennant commission. C’est donc une économie pour la plateforme de streaming suédoise, la commission représente souvent un montant énorme susceptible de plomber le bilan de la levée de fonds, ce qui a été le cas de Snapchat en 2017. Cependant, la cotation directe est plus souvent utilisée par des sociétés de taille moyenne, et Spotify aura été la plus importante société à employer cette méthode dans l’histoire de Wall Street. La plateforme de Daniel Ek a tout misé sur son image de marque (branding), et la stratégie a payé puisque malgré la bourde du NYSE qui a hissé le drapeau suisse pour fêter son arrivée au sein de la société, le titre a grimpé de 28% au-dessus de son prix de référence à l’ouverture de la cotation pour redescendre en fin de journée à 149.60 dollars pour une capitalisation évaluée à 26,5 milliards de dollars.
Alors que des sociétés comme The Coca-Cola Company ont multiplié par 10 leurs investissements initiaux dans Spotify en quelques années, il est intéressant de noter que les trois majors ont participé au capital de la plateforme de Daniel Ek, ainsi les parts détenues par Sony Music Entertainment sont désormais évalué à 1,5 milliards de dollars. A l’invitation du Worldwide Independent Network (WIN), Universal Music Group, Warner Music Group et Sony se sont engagés à partager les bénéfices issus de cette opération avec leurs artistes et labels signés en distribution : « Sony Music et The Orchad s’engagent à partager avec leurs artistes et labels distribués tout bénéfice provenant d’une vente de leurs parts de Spotify ». Cet engagement risque de complexifier les relations entre les artistes et les majors, puisque le moment de cession de ces parts laissé au libre arbitre de ces dernières déterminera l’ampleur du bénéfice total et donc des sommes redistribuées, sans même mentionner les modalités de ce partage…