Au royaume de Los Angeles, les voyous sont rois. Depuis l’apparition du légendaire Ice-T avec Rhyme Pays — le tout premier album gangsta rap de l’histoire —, la cité californienne rayonne au travers de cette culture. Quarante ans plus tard, cette admiration mal placée a conquis le monde entier et est restée intacte, et ce bien que le gangsta rap ait perdu sa cote au profit de la trap music venue du sud des Etats-Unis. Toutefois, parmi la jeune garde de Los Angeles, G Perico s’est rapidement démarqué en tant que nouveau prophète du gangsta rap et plus particulièrement de la g-funk. Gangster parmi les gangsters, il a été sauvé d’un destin tragique par sa paternité. Ressortissant de South Central et membre des Broadway Gangster Crips, la légende raconte qu’un soir de mars 2016, il serait allé enflammer une scène de sa ville quelques heures après avoir été victime d’une fusillade. Le sang se déversant depuis sa jambe n’a pas empêché le rappeur d’exceller. Ce fait d’armes est l’allégorie d’un homme qui ne laissera jamais quiconque entraver son destin. Après s’être révélé en tant que rappeur dans les rues de sa ville avec Shit Don’t Stop, sa mixtape parue en 2016, il a rapidement confirmé tous les espoirs placés en lui avec son tout premier album studio : All Blue.
All Bue, une immersion dans les rues de South Central signée G Perico
Bien évidemment, le titre de cet opus est une référence à peine dissimulée à son appartenance aux Crips. Toutefois, l’album est loin d’être monochrome : il a toutes les couleurs du quotidien d’un gangbanger de South Central, Los Angeles. Plutôt que de faire dans le storytelling parfois ennuyeux, G Perico fait le pari de l’immersion dans les rues de son quartier à travers des titres très courts et explosifs. Les compositions caniculaires esquissent la chaleur du soleil californien qui chauffe le goudron tandis que l’artiste prend l’auditeur par la main pour déambuler dans son sombre quartier. Dans ses textes, il détaille tous les lieux, et de son histoire, il ne raconte que le plus macabre. Rescapé d’une tentative de meurtre et d’une vie de Crip désormais révolue, le rappeur n’a rien perdu de sa bonhomie sur ses titres plus légers dans lesquels il étale à l’envi son amour pour les femmes (Get My Staccs avec Polyester The Saint) ou encore le craps. Toutefois, lorsque le récit se veut plus noir, il hurle de sa voix nasillarde pour ajouter de la rage et de l’émotion à une vie d’écorché vif. Digne héritier de Quik, avec All Blue, G Perico dépeint un monochrome haut en couleur sur son quotidien, le tout verni d’un son g-funk savoureux.