Le mois de juillet a été assez agité pour l’industrie de la musique enregistrée, du fait notamment des difficultés financières de la plateforme SoundCloud, mais aussi des tumultueuses négociations entre les producteurs de musique et les syndicats d’artistes. Enfin, le SNEP dresse un bilan semestriel marqué pour la première fois par la dominance du streaming dans le chiffre d’affaires de la musique enregistrée.
➡️ Un rapide résumé des mésaventures de SoundCloud
*airhorn* Spread the word: your music isn’t going anywhere. Neither are we.
— SoundCloud (@SoundCloud) July 14, 2017
Les rumeurs ont commencé à se propager après l’annonce le 6 juillet par Alex Ljung, l’un des fondateurs de la plateforme d’hébergement de musique en ligne, du licenciement de 173 employés (40% de l’effectif) dans les mois à venir. Le 12 juillet, le site TechCruch met en ligne un rapport accablant sur la gestion des finances de la société. Endettée depuis l’échec d’une levée de fonds en 2015, SoundCloud peine a établir un business model rentable. Pour diversifier son audience, la plateforme a ouvert un service monétisé, SoundCloud Go, qui permet d’accéder aux catalogues des majors du disque à l’image des autres services de streaming, mais qui n’a pas convaincu le public… Chance The Rapper, l’un de ces artistes qui ont connus le succès grâce à la plateforme d’hébergement, aurait apparemment contribué au financement de cette dernière. SoundCloud serait en négociations avec deux investisseurs et donc concéderait de céder ses parts, une opération que la société s’était refusée depuis sa création en se reportant sur des levées de fonds parfois hasardeuses.
➡️ L’échec de la négociation sur la rémunération des artistes
Les syndicats d'artistes mènent à l'échec la médiation sur la Garantie de Rémunération Minimale @UPFI_syndicat @Fede_FELIN @MinistereCC pic.twitter.com/k9w5ny2bpa
— Le SNEP (@snep) July 28, 2017
Le 2 octobre 2015, la médiation de Marc Schwartz (qui est aujourd’hui directeur de cabinet de la ministre de la culture Françoise Nyssen) avait abouti à un protocole d’accord entre 18 acteurs du monde de la musique enregistrée pour un développement équitable de la musique en ligne. Sur la base de ce protocole, les syndicats d’artistes (CGT/FO/CFE-CGC) et les producteurs de musique (SNEP/UPFI/FELIN) ont entamé des négociations sur les revenus des artistes tirés du streaming. Une première négociation a pris place du 6 au 7 juillet, pour aboutir sur un accord de rémunération destiné à être intégré à la convention collective artistes-interprètes. Cet accord fixait une rémunération sur un taux de 10% à 12% proche des taux déjà en cours, en compensant ce manque d’avancées par des avances généreuses couvrant toutes les exploitations (500€ par titre). Rejeté par les syndicats d’artistes, l’accord a fait l’objet d’un avenant faisant monter les taux à 13%, qui a encore une fois fait l’objet d’un refus le 30 juillet.
➡️ Le chiffre d’affaires de la musique enregistrée en baisse
Dans son bilan de l’année 2017, le SNEP avait constaté pour la première fois depuis 2002 une hausse du chiffre d’affaires de la musique enregistrée, hausse qui avait réjoui l’ensemble des acteurs de ce secteur en crise. Le premier semestre 2017 fait dont l’effet d’une douche froide, avec l’annonce d’une inflexion de 2,3% du chiffre d’affaires de la musique enregistrée. Malgré tout, la tendance reste à la croissance avec une hausse de 28,4% des revenus tirés du streaming audio, alors que les téléchargements légaux ont chuté de 20,5% et le physique de 18,2%. Le SNEP explique la baisse du chiffre d’affaires par une trop grande dépendance dans le Top 10 des albums les plus vendus, dont les revenus ont baissé de 20% entre le premier semestre 2016 et le premier semestre 2017. A noter que 9 albums du Top 15 des albums francophones du premier semestre sont des albums de rap, et que les musiques urbaines sont le genre musical le plus porté par le streaming (73% des revenus).
A lire aussi: #HHRBUSINESS N°3 – La mort du disque numérique