Chaque mois, Ventes Rap sélectionne cinq titres d’artistes indépendants, remarquables par leur qualité et le soin apporté à leur promotion. Absents au mois d’août, nous revenons avec une sélection qui pourrait bien contenir les pépites de demain… Découvrez les cinq artistes indépendants qu’il ne fallait pas manquer au mois de septembre 2020.
Jelyh – Shawty, Pt. 2 (prod. Vaegud)
En ouverture pour le mois d’août, le jeune artiste Jelyh invite à découvrir un univers musical qui s’annonce pétillant. Shawty, Pt.2 est un titre qui lui tient à cœur, c’est d’après lui à ce jour celui qui lui correspond le plus. Pour en venir à ce qui compose le morceau, la piste instrumentale vient du beatmaker Vaegud qui, publie ses productions sur sa propre chaine YouTube. Le beat est composé d’une boucle de guitare assez rapide et des basses simples accompagnées de percussions typiquement trap. C’est ce qui a inspiré Jelyh dès les premières écoutes pour créer l’alchimie qui a donné naissance à ce morceau fort. Après quelques essais, il a vite trouvé le flow idéal pour le titre. D’ailleurs, de l’enregistrement de sa voix, jusqu’au mixage à l’aide du célèbre logiciel de M.A.O FL Studio, tout a été fait depuis son home studio, assez rudimentaire. En seulement six heures de travail, la chanson était déjà terminée. Le clip vidéo, au style plutôt épuré, est très propre de par sa réalisation (signée Laurélie Jourdan, Anaëlle Fernon et Thomas Delattre) et montre des plans naturels et efficaces, collant bien au rappeur qui s’expose autour d’une voiture vintage, guitare en main, avec pour fond un coucher de soleil.
Pvpi – Maximum (prod. Certibeats)
Pvpi est un rappeur bordelais, signé sur le label indépendant Blue Island, qui poste ses titres sur les plateformes depuis déjà quatre ans. Tantôt dansante, tantôt nostalgique, sa musique a toujours une patte bien particulière : son morceau Pesos en est un bon exemple. L’artiste ne manque pas une seule séance de studio afin de continuer à travailler son art. Il aime varier les sonorités avec lesquelles il compose et évolue, ce qui donne une bonne palette de thèmes différents, au moins sur le plan purement mélodique et rythmique. Sur une composition de Certibeats, encore une boucle de guitare, il nous livre Maximum, titre dont le clip a été réalisé par Twolf. Ce dernier plante le décor d’un bord de mer et de beaux éclairages qui concordant parfaitement avec l’ambiance intimiste et mielleuse du son. L’artiste s’adresse à une supposée conquête amoureuse et exprime ce que pourrait être leur relation et sous quelles conditions il donnerait « son maximum »… Aussi, on réalise rapidement qu’il ne lésine pas sur les adlibs et les harmonies. Tout cela donne une dimension plus vivante à ses textes : il devient évident qu’il s’amuse beaucoup. Cela se ressent tout au long de sa jeune discographie. Pvpi est donc un artiste à suivre de près, histoire de le voir exploiter son plein potentiel !
Jimi Love – HOOD (prod. Horace)
Jimi Love est un rappeur du 83 exerçant depuis maintenant quelques années. Il s’est récemment débarrassé de son ancien pseudonyme, SñR, un événement coïncidant avec des changements apportés à sa musique. Porté habituellement sur le kickage, il a désormais entamé un virage vers des flows plus décontractés et nonchalants, qui ajoutent cordes supplémentaires à son arc. HOOD est un extrait de son dernier projet de 5 titres, Love Story Part. 1, disponible depuis le 19/09. Dans ce dernier, il collabore notamment avec le rappeur JUNIOR, avec qui il est souvent amené à créer de nouvelles sonorités. L’artiste expérimente plusieurs styles intéressants. On retient ici HOOD pour l’ambiance bucolique qui s’en dégage, favorisée par une instrumentale originale, composée par Horace, qui dévoile des tons que l’on croirait sortis du monde de l’onirique. Jimi nous donne un texte plus introspectif qu’à l’accoutumée(dans lequel il aborde entre autres sa vie de famille) qui de ses propres dire a été écrit lors d’une période difficile de sa vie. Avant une deuxième partie du projet annoncé pour 2021, le rappeur Varois a prévu la sortie d’un clip et de plusieurs freestyles, à suivre afin de constater son avancée.
6amusic feat. Jo & Donguti – Demain C’est la même (prod. Hiarina)
Si le collectif 6amusic faisait déjà partie de la rétrospective du mois dernier, il mérite encore sa place ce mois-ci. Pour information, ils ont déjà livré des performances sur scène dans des salles de plus ou moins 300 personnes, un début très positif à leur échelle. C’est cette fois le très réussi Demain C’est la Même, sur une composition incroyable de Hiarina, qui va être présenté. Toujours sur des nappes de rhodes bien brillantes pour installer une ambiance très classieuse, on a droit à du saxophone, et même un petit solo de guitare qui vient donner un moment de flottement au morceau, comme s’il était suspendu. On retrouve aussi une basse qui se fond dans la partie mélodique et accentue le côté classieux du titre, tout cela entre quelques roulements de batterie bien placés. C’est, à leur habitude, très organique et bien structuré, de sorte à ce que le refrain rentre bien en tête. Idem pour les couplets, maniés avec une écriture efficace et subtile, sous un flow maîtrisé qui donne ce côté chanté prisé par le collectif. Enfin, le mixage est très agréable à l’oreille et pousse à l’écoute répétée. C’est donc avec cette musique très réussie qu’ils ouvrent leur « saison », avant d’envoyer très bientôt d’autres nouveautés.
Zéphir – Hold Up (prod. Shapka)
Hold Up est un des morceaux présents sur la compilation Akié Vol. 1 organisée par Lutchi, l’un des acteurs participant grandement à toute la communication autour du groupe 667 (Freeze Corleone, Zuukou Mayzie, Osirus Jack et bien d’autres), avec l’intention de réunir plusieurs artistes gabonais. C’est donc sur sa chaîne YouTube que se retrouve ce clip. Ici, le rappeur Zéphir opère sur une instrumentale de Shapka où les grosses caisses pleuvent sur une mélodie rapide et agressive. Beaucoup de changements font varier la tension de l’œuvre : entre autres, les basses viennent et repartent pour laisser place aux cymbales. L’artiste débite avec beaucoup d’aise ; bien que cela ne semble pas évident sur une telle production, l’exercice est réalisé avec brio sans devenir trop redondant. Le titre se réécoute avec beaucoup d’enthousiasme. Le clip réalisé par KZCO VISION, relativement classique, va droit au but en nous laissant nous imprégner du morceau dont il dépeint le visuel. Concernant les antécédents de Zéphir, peu d’informations sont disponibles au sujet du rappeur qui vient tout juste de sortir une mixtape baptisée ZARCANE, disponible sur toutes les plateformes de streaming.
Max Paro – OMG
Récemment signé par Sadek chez Lebara Music, Max Paro vient de Montreuil, dans le 93 et a déjà sorti deux EP : A-Venir et En Temps de Crise. Il n’a pourtant pas encore forcément eu la visibilité qu’il méritait, au vu de la qualité qu’il propose. Sa spécialité se caractérise comme un mélange de rap chanté et plus traditionnel, avec un peu de vocoder qui s’accorde parfaitement à la composition générale du morceau. Ses titres sont souvent porteurs d’une forte charge émotionnelle : ses refrains, couplets et adlibs ajoutent une couleur plus violente dans sa recette. Divers sujets sont abordés, mais celui qui concerne ses éventuels ennemis revient plusieurs fois et il ne leur fait visiblement aucun cadeau, comme l’annonce ce titre. L’instrumentale aux notes en arpèges installe une ambiance glauque sur un rythme drill, auquel il devient difficile d’échapper. Les basses bien distordues et les cymbales agressives donnent toute son efficacité à la production, qui se pare aussi de multiples éléments mélodiques sans y perdre une once d’efficacité. Ici, tout est réuni pour obtenir une bonne alchimie. C’est sans surprise que cela fonctionne à merveille ! Le tout est bien guidé. La sortie d’Issue de Secours étant en approche, le rappeur nous donne bon espoir pour suivre l’avancée de sa carrière juvénile.
BRK – Difficile d’avancer (prod. OZ Datara)
Sur cet extrait de son propre EP Exorde, BRK montre de quoi il est capable avec deux couplets aux styles totalement différents : les amateurs de rap chantonné seront comblés, comme ceux qui préfèrent le découpage en règles. Du haut de ses 20 ans, il vient de Belfort et semble bien déterminé à se faire une place. La composition instrumentale provient du collectif de beatmakers Datara avec lequel il a déjà précédemment collaboré. La partie mélodique est distillée, laissant amplement la place à la voix du rappeur qui ne manque pas l’essai et maîtrise aisément cet outil. C’est simple et efficace ; le morceau est humble et en cela, il gagne en authenticité. Le rappeur donne le sentiment de glisser quelques phrases tirées de vécu, au milieu de ce qui se fait de plus ego trip. C’est ce qui laisse à penser qu’il pourrait tout aussi bien écrire des textes plus introspectifs et personnels, couvrant alors une diversité de thèmes plus grande encore. Il scande entre autres qu’il se sent meilleur que certains dans le milieu et qu’il veut sa place, laquelle on lui donnerai volontiers tant son travail est concluant. Le clip, quant à lui, est réalisé par Quentin Ecrepont.