Ca y est. Après de nombreuses dates erronées avancées par les fans, basées sur des interprétations et des élucubrations, le 3 août sera celle où Astroworld verra le jour. Travis Scott, d’abord par le biais de Mike Dean, a distillé les premiers indices de cette date pour la sortie de son album tant réclamé par les fans comme par ses homologues. Le lendemain, il a confirmé cette date sur Twitter avec en bonus un trailer orné d’effets spéciaux et accompagné d’un morceau, Stargazing, que l’on retrouvera probablement sur le projet dont on ne connaît pas encore la tracklist. Toutefois, si l’attente du public est grande, les enjeux pour Travis le sont plus encore.
Cette sortie est capitale pour Travis Scott. En effet, bien qu’il soit à classer sans débat au rang de superstar du rap, aux côtés de Drake, Kanye West, Kendrick Lamar ou encore Migos, il ne possède pas à son actif d’album de référence à l’échelle du rap : sans tancer la qualité de la discographie du rappeur, elle ne comporte pas de classique auquel le public rap se rapporte systématiquement, au contraire de ses homologues précédemment cités, qui ont tous au moins un album qui fait ou fera date. Travis Scott est un artiste à fulgurances, capables de coups de génie étincelants qu’il ceint malheureusement de morceaux plus quelconques. Ce défaut a notamment lésé la qualité de ses deux premiers albums, Rodeo et Birds in the Trap Sing McKnight, pourtant pétris d’idées novatrices, dévoilant le rappeur de Houston empruntant le chemin escarpé pavé par son mentor, Kanye West, et son artiste préféré, Kid Cudi. Avec l’attente et les immenses espoirs gravitant autour d’Astroworld, Travis Scott a entre les mains l’opportunité idéale de marquer le rap durablement et d’installer cet album comme LA référence de sa discographie.
La sortie d’Astroworld est d’autant plus cruciale que le dernier projet en date qu’il a publié, Huncho Jack, Jack Huncho, a laissé tout le monde sur sa faim. L’alchimie entre Quavo et Travis Scott n’y paraissait que très peu évidente et les deux rappeurs ont semblé suffisants sur des productions très sous-estimées, notamment de l’excellent Murda Beatz ou encore de CuBeatz. Pire, ils n’ont que peu exploité leur album commun, se contentant d’un seul clip, celui de Black & Chinese, sorti quatre mois après le disque. Si ce faux pas n’a pas terni la cote de Travis Scott, elle pourrait très bien être égratignée si Astroworld ne se montrait pas à la hauteur des attentes du public, alors que presque deux ans se sont écoulés depuis la sortie de son dernier album solo, Birds in the Trap Sing McKnight.
Enfin, bien qu’il soit sans conteste une des plus grosses têtes d’affiche du rap actuel, le 3 août se profile en une véritable guerre des étoiles durant laquelle LaFlame va être en concurrence avec de nombreux artistes : YG s’apprête à sortir Stay Dangerous, son album annoncé depuis déjà plusieurs mois, qu’il a récemment teasé avec un nouveau single en featuring avec A$AP Rocky, Handgun ; et Mac Miller, qui, s’il a perdu en cote, peut toujours se targuer d’une fanbase large et solide, est également sur le point de sortir son album Swimming, alors qu’il encaisse encore sa rupture médiatisée avec Ariana Grande. Iggy Azalea et -peut-être- Rick Ross seront également au rendez-vous avec Survive the Summer et Port Of Miami 2. Bien qu’Astroworld soit prioritaire sur les tablettes de la majorité du public rap, si l’album s’avère en deçà des attentes, les auditeurs auront largement de quoi se distraire ailleurs.
Si les enjeux sont réels, Travis Scott semble les mesurer et s’est entouré d’une dream team de producteurs dont on connaît déjà quelques noms. Outre Mike Dean, Allen Ritter collaborateur régulier de Drake et un des artisans majeurs de Rodeo, crédité sur 3500 avec Future et 2 Chainz, Maria I’m Drunk avec Justin Bieber et Young Thug, 90210, Pray 4 Love avec The Weeknd, Pornography, Oh My Dis Side avec Quavo, Nightcrawler avec Swae Lee et Chief Keef, sera de la partie. En outre, le Canadien NAV, signé sur le label XO de The Weeknd, ayant déjà travaillé avec Travis Scott sur le morceau beibs in the trap, est aussi au programme. Il y aura également Sonny Digital, qui a bossé sur l’instrumentale de Pornography et sur celle de Stargazing, le morceau du trailer d’Astroworld. De plus, Il faudra compter sur FKi 1st, producteur de Pick It Up de Famous Dex, producteur exécutif du premier album de Post Malone, Stoney, ayant travaillé avec Travis Scott par le passé sur Drugs You Should Try alors qu’une suite de ce morceau est attendue sur l’album. Enfin, Pi’erre Bourne figurera au casting puisqu’il est à la tête de l’instrumentale du morceau Watch, sorti en mai, sur laquelle on peut entendre, en plus de Travis Scott, Lil Uzi Vert et Kanye West.
Quant aux artistes, hormis les deux rappeurs susmentionnés et NAV, figurera au casting Sheck Wes, jeune rappeur signé conjointement par les labels Interscope, G.O.O.D Music (Kanye West/Pusha-T) et Cactus Jack (Travis Scott). Connu outre-Atlantique pour son titre Mo Bamba, joueur de basketball né comme lui à Harlem et drafté par le Magic en juin dernier, Astroworld s’avère être l’occasion idéale pour mettre en valeur la nouvelle pépite du clan G.O.O.D Music. Durant son enfance, Sheck Wes né dans la Grosse Pomme, a vécu à Milwaukee avant de revenir près de ses racines pour poursuivre ses rêves de basketball mais aussi de modèle. Toutefois, alors que le show Yeezy Season 3 se profilait le jour d’un de ses matchs cruciaux de basketball, il choisit de faire l’impasse sur ce dernier, choix qu’il ne regrette aucunement pour les portes qui lui ont été ouvertes. Entre temps, sa mère l’envoie un temps au Sénégal, son pays d’origine, alors qu’il s’attirait des problèmes dans les rues new-yorkaises. Cet exil lui a permis, selon ses propres mots de trouver un pourquoi à ce qu’il faisait. Depuis son retour aux Etats-Unis, Sheck Wes s’investit définitivement à 100% dans la musique.