Alors que le rap français est résolument parti en vacances se ressourcer avant une rentrée qui s’annonce des plus dantesques, le rap outre-Atlantique, lui, amorce un mois d’août très chargé, de l’acabit du mois de juin dernier. En effet, y étaient parus tous les albums issus de la fièvre créatrice de Kanye West, de retour aux machines – hormis celui de Pusha-T, paru le 25 mai – dont son album solo ye, son album commun avec Kid Cudi, KIDS SEE GHOSTS ainsi que Nasir qui marche le retour de Nas dans les bacs après six ans d’absence. A ces disques se sont ajoutés, dans les sorties les plus notables, Redemption, dernier projet en date de Jay Rock, le projet surprise de Beyoncé et Jay-Z, Everything Is Love, ainsi que le double album de Drake, Scorpion, qui a affolé tous les compteurs. Le mois d’août réserve également de grosses sorties d’albums. Sont notamment attendus les projets de Nicki Minaj, Lil Pump, Trippie Redd ainsi que le projet commun des deux crooners Ty Dolla $ign et Jeremih. Quant à la première semaine d’août, elle a été à elle seule un véritable carrefour du rap avec des sorties aussi variées que nombreuses que l’on se propose de dépouiller pour vous.
➡ L’album phare : Astroworld de Travis Scott, blockbuster de l’année
Alors que l’on vous détaillait, il y a quelques jours, les enjeux et les attentes autour d’un des disques les plus attendus de l’année, Travis Scott s’est entouré d’une équipe de chanteurs, de rappeurs et de producteurs aussi nombreuse que gratinée pour offrir au monde un album spectaculaire, excessivement bien produit et aux ambitions démesurées. Outre les rappeurs 21 Savage, Gunna, Quavo et Takeoff, l’album est surtout pétri de grands featurings pop tels que The Weeknd, Stevie Wonder, Drake, James Blake, Frank Ocean ou encore Swae Lee afin de happer le plus grand nombre dans sa fantaisie autotunée, dans les montagnes russes de son esprit créatif. Bien entendu, la densité de cet album mérite un article beaucoup plus long, actuellement en cours de cuisson.
➡ La tête de série n°2 : l’idoine YG avec Stay Dangerous
Avec l’été caniculaire qui s’abat en ce moment sur nous, un album de YG est aussi indispensable que de s’hydrater. Sur cet album, le rappeur de Compton s’est en grande partie défait des influences west coast des années 90 qui faisaient l’essentiel de son précédent disque Still Brazy au profit d’un album criblé de bangers impitoyables. Outre les singles Big Bank et Suu Whoop, on imagine parfaitement Power ou encore Too Cocky envahir les rues de Los Angeles et, particulièrement pour le dernier, les boîtes de striptease. YG signe avec Stay Dangerous un album enivrant, au rythme parfaitement jugulé, alternant les bangers susmentionnés par d’autres emplis de tension comme Bulletproof ou Pussy Money Fame désamorcée par l’apaisant Slay. Tout comme Astroworld, le disque de YG sera abordé bien plus longuement dans un prochain papier.
➡ Le challenger : l’émouvant Mac Miller avec Swimming
Deux ans après The Divine Feminine, probablement l’album le plus abouti de la carrière de Mac Miller, qui doit son salut à sa muse de l’époque Ariana Grande, le rappeur de Pittsburgh signe son retour avec Swimming, amputé de cet amour. Sur un univers musical doux et chaud, arborant des couleurs parfois pop, parfois jazzy, Mac Miller aborde sans concession sa rupture très médiatisée. L’album, joyeusement triste, est une porte ouverte sur son cœur brisé et ses états d’âmes.
➡ Les sorties moins médiatisées qui méritent toutefois de l’attention
Derrière ces trois grands arbres se cachent une immense forêt. Moneybagg Yo signe avec Bet On Me sa deuxième sortie de l’année. Cet EP de neuf titres est essentiellement produit par Tay Keith – le beatmaker du moment, également au casting d’Astroworld sur Sicko Mode – et Javar Rockamore, collaborateur régulier du rappeur de Memphis, en témoigne sa mixtape sortie février, 2 Heartless. Le projet est très efficace : en alternance à sa trap rugueuse notable sur Dice Game, il offre des pépites mélodiques telles que Wat U On assisté par Gunna, qui, à l’instar de Tay Keith, brille également sur Astroworld avec le somptueux refrain de Yosemite. Incontestablement, il s’installe comme un des artistes les plus talentueux de ces dernières années.
Iggy Azalea était également au programme de ce fameux 3 août avec son EP de six titres Survive The Summer. Annoncé par le clip très évocateur de Kream, en featuring avec Tyga et produit par Ronny J, l’EP, sur lequel figure également Wiz Khalifa, est une succession de morceaux ayant pour unique but d’agiter un maximum de postérieurs. La sulfureuse Australienne signe une courte et obscure bande-son de strip-clubs et autres soirées lubriques que les chaudes nuits d’été savent si bien abriter.
Enfin, Baka Not Nice, dans ce maelstrom qu’est ce 3 août, publie sa première mixtape 4Milli. Le rappeur de trente-neuf ans, ancien proxénète, s’est reconverti dans la musique après un passage en prison salvateur. Originaire de Toronto et signé sur le label de Drake, OVO Sound, que vous avez déjà entendu sur l’outro de Free Smoke de ce dernier, Baka Not Nice signe un projet sombre articulé autour de deux morceaux déjà connus, Live Up To My Name et Money In The Bank. Encore à la recherche de son style, il revêt tantôt des airs de Rich The Kid sur Cream of the Crop, tantôt de NAV sur Junior High.