La première barrière à l’écoute de musique internationale, c’est la langue. Il est évident qu’un auditeur lambda aura tendance à écouter en priorité ce qu’il peut comprendre. Cependant, la définition même de la musique tend à briser cette barrière et à considérer la musique comme un langage universel. Par-delà les frontières, par-delà les lettres et les mots, la musique a cette capacité de plaire à quiconque peut l’entendre. Nous en sommes les premiers exemples ; dès nos plus jeunes âges, nos bibliothèques musicales furent et restèrent les cobayes de la suprématie anglophone sur le monde, alors que nous ne prêtions, pour la plupart, pas attention aux paroles. Pour certains, c’était se contenter des mélodies, des rythmes et des voix, pour d’autres, c’était apprécier l’exotisme de la langue. Malgré cela, la majorité d’entre nous s’est contentée de cet horizon de musiques francophones et anglophones.
Et pourtant, la scène européenne n’est pas sans disposer d’une farandole d’artistes tous aussi intéressants les uns que les autres. Des Pays-Bas à l’Italie, en passant par le Royaume-Uni, le Vieux Continent cache bien des talents. Cet article va s’affairer à vous faire découvrir trois artistes disposant déjà d’une notoriété plus ou moins importante dans leur pays d’origine.
➡ IAMDDB, la sensualité britannique
Navigant sur un océan aux eaux mélangées de trap, de jazz et de blues, entre attitudes de bad bitch et de séductrice affairée à son business, la jeune britannique IAMDDB, pseudonyme de Diana De Brito, a fait de 2017 l’année de son ascension. Principalement connue pour son morceau Shade qui, au début 2018, comptabilise près de huit millions de vues sur YouTube, la jeune femme n’est qu’à l’aube de sa carrière. Son année 2017 se résume à trois projets, chronologiquement Waeveybby, Vol.1, Vibe, Vol.2 et enfin Hoodrich, Vol.3. En France, la jeune chanteuse s’est plus particulièrement fait connaître lors de la première partie du concert de Bryson Tiller le 19 octobre 2017 au Zénith, où elle remplace une SZA alors absente.
La jeune Mancunienne de 22 ans et son doux accent britannique commencent alors à se faire un nom sur le devant de la scène R&B internationale, au travers de douces sonorités jazz et blues couplées à des rythmes trap et énergiques, caressés par la voix sucrée et fraîche de la jeune anglaise. Une élaboration des plus voluptueuses pour les amateurs de ce style de musique.
➡ Sfera Ebbasta, la fraîcheur italienne
Sfera Ebbasta, pseudonyme artistique de l’italien Gionata Boschetti, s’est révélé au public francophone en 2016 sur le morceau Cartine Cartier, issu de l’album Anarchie de SCH. On retrouvera par la suite le rappeur français sur l’album éponyme de Sfera Ebbasta sorti dans la même année. Produit par Universal, l’album est depuis certifié disque de platine en Italie, ce qui correspond à l’actuel disque d’or français.
Durant l’été 2017, le rappeur italien publie sur YouTube le clip de Tran Tran qui est aujourd’hui la vidéo la plus visionnée de la chaîne du rappeur avec plus de 40 millions de vues : un entraînant sample de guitare mêlé à une mélodie parfois chantonnée, parfois rappée. Et pourtant, cela n’est qu’une des nombreuses couleurs qui font la palette de l’italien. Le rappeur à l’excentrique style vestimentaire plaît.
Début 2018, il sort son second album du nom de Rockstar, sur lequel on peut retrouver le morceau Tran Tran. Le titre de l’album n’est pas sans caractériser la psychologie du rappeur italien : une volonté d’aller au-delà du simple rap. L’album est produit en deux versions : une version destinée au public italien et une version destinée au public international. Sur la version internationale (celle dont nous disposons en France), il est possible de retrouver des featurings avec des artistes tels que Quavo ou Rich the Kid. Allant des mélodies douces et entraînantes de Tran Tran aux vibes caribéennes de Bancomat, en passant par la noirceur trappée de XNX, Rockstar, aujourd’hui double disque de platine en Italie, est un album multi-facettes qui saura plaire à qui souhaite l’écouter.
➡Dopebwoy, l’énergie néerlandaise
Parmi les langues les plus éloignées du français en Europe, on peut retrouver le néerlandais. Loin derrière les frontières belges, les Pays-Bas et leur capitale sont une source d’inspiration récurrente pour les textes des rappeurs français.
Au-delà de ces inspirations narcotiques, le pays des coffee shops regorge d’artistes talentueux. Jordan Jacott publie en 2017 deux albums sous le pseudonyme de Dopebwoy : Nieuw Goud et Andere Flex. Du second est extrait le single Cartier, en featuring avec Chivv et 3robi, deux compatriotes de l’artiste ; aujourd’hui, le morceau a atteint plus de 20 millions de vues sur YouTube. Un morceau très énergique qui a fait le tour des boîtes de nuit d’Amsterdam et des autres grandes villes néerlandaises. Dans ce second album, on retrouve là encore une diversité musicale assez plaisante. Le titre Million, où le rappeur glisse des phrases issues des morceaux Pon De Replay et No Love Allowed de Rihanna, respire une vibe jamaïcaine tandis que les morceaux Tweede Helft ou Andere Flex sont beaucoup plus orientés rap. Une mixture des plus en vogue ces temps-ci, que ce soit aux Pays-Bas, en France, ou à l’international.